Apple suspend son programme de gradation des requêtes Siri
Apple veut cesser l'analyse des conversations enregistrées par Siri. Mais pour quelle raison ? Selon un initié, des sous-traitants d'Apple ont enregistré des discussions comportant des données sensibles ayant trait au sexe ou encore à des trafics de drogue par exemple. Coup de projecteur sur cette affaire !
Pour l'instant, Apple se refuse à ce que des enregistrements Siri fassent l'objet d'analyses par des tiers, selon les déclarations d'un porte-parole d'Apple au site The Verge, portail américain qui traite de l'actualité technologique, de l'information et des médias. En outre, les utilisateurs de Siri seront, à l'avenir, invités à consentir de façon explicite à ce que leurs enregistrements soient évalués par des sous-traitants.
Nous nous efforçons d'améliorer la fonctionnalité de Siri tout en protégeant la vie privée de nos utilisateurs. Nous avons décidé de suspendre au niveau mondial notre programme de gradation des requêtes Siri. Les utilisateurs de Siri pourront consentir à participer à l'analyse dans le cadre d'une future mise à jour logicielle.
Apple répond à un article récemment publié dans le Guardian, un quotidien britannique. Selon un initié, des contractuels externes d'Apple auraient obtenu des informations personnelles – parfois sensibles – des utilisateurs de Siri via des enregistrements Siri. Des rapports similaires des derniers mois sur d'autres fournisseurs d'applications informatiques de commande vocale ont attiré hier l'attention du Commissaire fédéral à la protection des données et à la liberté d'information.
Alexa, Google Assistant et Siri : ce qu'il s'est passé jusqu'à présent
Source : Shutterstock.com
Les assistants vocaux ont pour vocation de faciliter le quotidien, en particulier dans le domaine de la domotique. Selon les réglages, ils écoutent en continu ou seulement après activation par un mot de déclenchement, dans le cas d'Apple, par la commande vocale « Dis Siri ».
Depuis plusieurs mois, les rapports s'accumulent, témoignant d'une préoccupation pour la vie privée des utilisateurs d'assistants vocaux. Et pour cause, certains enregistrements de voix par Siri et cie sont ultérieurement retranscrits par les employés, ce qui faciliterait l'analyse des discussions activées accidentellement, comme le soulignent les prestataires. Les connaissances acquises par les employés sont censées améliorer la compréhension des langues, des dialectes et des accents, et ce, dans le but d'interpréter correctement les demandes.
24 avril 2019 : Amazon Alexa relie les enregistrements vocaux
En avril 2019, Bloomberg révèle que les employés d'Amazon ont accès aux dossiers Alexa, lesquels sont directement liés aux adresses et numéros de téléphone des utilisateurs. En raison des allégations d'abus qui ont suivi, Amazon aurait sévèrement restreint les droits d'accès des employés, selon Bloomberg.
23 mai 2019 : Amazon Alexa stocke les transcriptions
Un mois plus tard, Amazon confirme au sénateur américain John Coon que les enregistrements vocaux effectués par Alexa et les transcriptions correspondantes ne seront supprimés que sur ordre de leurs utilisateurs. Quant à la raison de sa demande, John Coon affirme ce qui suit :
Les Américains méritent de comprendre comment leurs renseignements personnels sont utilisés par les entreprises technologiques. Je continuerai de travailler avec les consommateurs et les entreprises pour trouver la meilleure façon de protéger les renseignements personnels des Américains.
De la lettre de réponse d'Amazon, il en ressort qu'il n'existe pas de durée de vie pour les données, même si elles ont plusieurs années. Théoriquement, il serait possible de filtrer les préférences des utilisateurs à partir de ce contenu pour en faire de la publicité. Amazon se réserve également le droit, selon ses propres déclarations, de stocker et de ne pas supprimer les informations concernant les actions qu'Alexa a menées, par exemple achats, écoute de musique, etc.
10 juillet 2019 : les fuites de l'Assistant Google
D'après des informations qui ont fuité en Belgique début juillet, il semblerait que les employés de Google analyseraient chaque 500e commande vocale. Plus de 1000 fragments audio ont été transmis à la radio belge VRT par un initié, dont de nombreux appels enregistrés non délibérés et des appels téléphoniques au contenu intime.
Beaucoup de ces fragments effectués via les appareils Google Home ou l'Assistant Google sur smartphones Android ont été accidentellement enregistrés : demandes de renseignements sur les prévisions météorologiques, sur les heures d'ouverture d'un magasin ou encore sur du contenu pornographique. Le géant a par exemple réussi à enregistrer les voix en arrière-plan des petits-enfants d'un couple de grands-parents flamands. Comme leur adresse est mentionnée dans l'enregistrement, la station de radio a pu contacter leur petit-fils et vérifier l'authenticité des enregistrements.
L'initié, qui a transmis les enregistrements à la radio, serait un partenaire contractuel externe de Google, un expert en langues.
26 juillet 2019 : le Guardian sur les initiés chez Apple
Bien qu'Apple ne le divulgue pas explicitement dans sa documentation sur la protection de la vie privée, une petite partie des enregistrements Siri est transmise aux sous-traitants qui travaillent pour la firme à la pomme dans le monde entier. La tâche de ces contractuels est de transcrire les commandes vocales Siri enregistrées et de procéder à leur analyse. C'est ce qu'explique un initié au Guardian. Comme il était parfois très désagréable pour certains employés externes d'écouter et d'analyser de tels enregistrements audio, il a écrit au journal britannique.
Il y a eu plusieurs cas de discussions privées, d'affaires confidentielles, de machinations criminelles et de personnes ayant des rapports sexuels.
Toujours selon lui, les enregistrements – bien que tous les appareils iOS prennent en charge Siri – proviennent principalement de l'Apple Watch ou du haut-parleur intelligent HomePod. La plupart des enregistrements de contenus sensibles ont été déclenchés accidentellement, par exemple par la manipulation bruyante d'une fermeture éclair (« Dis Siri »).
1er août 2019 : le Commissaire fédéral à la protection des données et à la liberté d'information nous fait son rapport
Suite aux révélations de ces derniers mois, le Commissaire fédéral à la protection des données et à la liberté d'information prend la parole. Son communiqué de presse traite principalement de l'assistant vocal Assistant Google de la firme éponyme.
L'utilisation d'assistants vocaux automatiques de fournisseurs tels que Google, Apple et Amazon s'avère très risquée pour la vie privée des personnes concernées. Cela s'applique non seulement aux personnes qui utilisent un assistant vocal, mais aussi à toutes les personnes qui entrent en contact avec lui, à celles et ceux qui vivent dans un même ménage par exemple où l'on a recours à des assistants vocaux.
[...]
Dans ce contexte, le Commissaire fédéral à la protection des données et à la liberté d'information a engagé une procédure administrative pour interdire à Google de procéder à de telles analyses par des employés ou des tiers pendant une période de trois mois.
Google a en effet confirmé à The Verge être en contact actif avec cette autorité de protection des données. Leur objectif est d'aider les autorités publiques et les utilisateurs à comprendre comment les enregistrements vocaux sont analysés et l'intuitivité, améliorée.
Google confirme également l'arrêt des enregistrements et des analyses des enregistrements par des tiers pendant la phase d'enquête de trois mois. Du moins dans l'UE.
2 août 2019 : Apple cède
Dans la déclaration de l'Autorité de Hambourg, d'autres fournisseurs d'assistants vocaux – dont Apple et Amazon – sont également « invités à revoir rapidement leurs politiques ».
Apple est le premier fournisseur d'assistants vocaux numériques à annoncer qu'il demande explicitement aux utilisateurs la permission d'écouter les enregistrements réalisés par ses employés. Jusqu'à ce que la mise à jour du logiciel demandant le consentement soit disponible, Apple ne fera plus évaluer les enregistrements Siri des tiers dans le monde entier.
Vivre des aventures et faire du sport dans la nature et me pousser jusqu’à ce que les battements du cœur deviennent mon rythme – voilà ma zone de confort. Je profite aussi des moments de calme avec un bon livre sur des intrigues dangereuses et des assassins de roi. Parfois, je m’exalte de musiques de film durant plusieurs minutes. Cela est certainement dû à ma passion pour le cinéma. Ce que j’ai toujours voulu dire: «Je s’appelle Groot.»