

Crise du climat, de l'électricité et autres : lorsqu'un nouveau maillot soulève des questions existentielles

Je voulais juste acheter un nouveau maillot de vélo. Et maintenant, des questions existentielles sur la vie, la mort et notre société de consommation me tourmentent.
Le Jour des Morts est originaire du Mexique, mais est désormais célébré dans toute l'Amérique latine. Si je comprends bien, le « Dia de Muertos » remonte aux cultures aztèque, toltèque, nahua et à d'autres peuples qui considéraient que pleurer ses morts était irrespectueux. Pour ces cultures, la mort était une étape naturelle dans le long continuum de la vie. Les morts étaient toujours considérés comme des membres de la communauté et maintenus en vie par l'esprit et les souvenirs. Cette coutume me fascine. Là, la mort est célébrée joyeusement, elle n'est pas taboue. Les calaveras (crânes) et les calacas (squelettes) multicolores sont typiques pour cette célébration. Et je dois avoir aussi un léger penchant pour le morbide.

Un maillot de vélo et ses conséquences
C'est ainsi que j’ai trouvé ce maillot dans notre boutique en ligne et je l'ai bien sûr immédiatement commandé ; même si je n'en ai pas besoin et ai déjà assez de ces choses.

Mais comme je l'ai dit, le « Dia de Muertos » me fascine, les couleurs vives m'attirent comme par magie et je ne peux pas résister à la combinaison du rouge et de l'orange. En plus, cela s’accorde avec les couleurs d'un de mes tatouages. Oui, je sais, c'est un peu superficiel de ma part, mais bon...
À peine commandé, le maillot était déjà dans ma boîte aux lettres. C'est fou la vitesse à laquelle on livre aujourd'hui et l'augmentation de l'efficacité est améliorée en permanence. Mais ça c'est un autre sujet... Me connaissant, j'ai sorti le maillot de son emballage, l'ai enfilé sans plus attendre, ai enfourché mon gravel bike et suis parti faire un tour.

C'était un jeudi et il faisait chaud. Encore un peu plus chaud que les jeudis des semaines précédentes. Le thermomètre indiquait 38 degrés Celsius et après quelques minutes sur le vélo, le climat est passé au niveau tropical dans mon cuissard noir moulant. Il en allait de même pour l'eau de ma gourde, qui avait à peu près le même goût. Je me suis dit « le changement climatique »et ai continué à rouler.
Avant, je rêvais du Sud et de passer Noël sous les palmiers. J'ai cependant toujours supposé que pour les palmiers, je devais me rendre dans le Sud. Maintenant, les palmiers viennent à moi. Comme quoi, on peut se tromper.
Je suis soudain pris de remords. N'ai-je pas directement contribué à la crise climatique en achetant un maillot de vélo dont je n’avais absolument pas besoin ? Évidemment... Au moins, le produit n'a pas été fabriqué à Shanghai, mais en Bosnie. Il n’a pas eu besoin de traverser la moitié du globe ; c'est toujours ça. Je me suis offert une gorgée d'eau chaude de ma gourde française – bois Patrick, bois tant qu'il y a de l’eau –, ai jeté un coup d'œil à mon compteur vélo fabriqué en Asie et ai pédalé énergiquement.
Une crise en chasse une autre
Je pense à mon compteur. Un autre gadget qui a besoin d'être rechargé en permanence. Pas étonnant que nous soyons à court d'électricité, avec tous ces gadgets technologiques branchés en permanence sur la prise et qui crient sans cesse : « recharge-moi ». Crise de l’électricité et de l’énergie. Après tout, la gourde produite en France et le maillot fabriqué en Bosnie consomment également du pétrole et du gaz. Sans parler du compteur « made in China ».
Penser à toutes ces crises était presque plus fatigant que de rouler à toute vitesse sur des chemins de terre. Je me suis donc recentré sur l’essentiel : mon gravel bike Giant. Cette marque est d'ailleurs originaire de Taïwan. Taïwan ? N’y avait-il pas quelque chose sur ce pays ? Ah oui, la visite de la présidente de la Chambre des représentants américaine Nancy Pelosi dans le petit État insulaire au large des côtes chinoises a gâté les choses entre la Chine et Taïwan. On dirait bien que la guerre en Ukraine n'a pas suffi. C'est à ce moment-là que j'ai fait demi-tour et que je suis rentré chez moi.
En chemin, j'ai jeté un nouveau coup d'œil à mon nouveau maillot à tête de mort. Célébrer la mort de manière exubérante, avec des couleurs vives et joyeuses. Un autre jour, pensais-je. Ou fin octobre/début novembre, lorsque le « Dia de Muertos » sera célébré cette année encore dans les rues d'Amérique latine. Peut-être que je le mettrais et que je ferais un tour avec. Mais pour aujourd'hui, j'ai laissé tomber les têtes de mort et les pensées morbides.



Ancien journaliste radio devenu fan de story telling. Coureur confirmé, adepte du gravel bike et débutant en haltères de toutes tailles. Quelle sera ma prochaine étape ?