
Huawei Mate 40 Pro
256 Go, Mystic Silver, 6.76", Double SIM hybride + eSIM, 50 Mpx, 5G
Huawei se bat ; non pas pour sa survie, mais pour le trône. Le Huawei Mate 40 Pro est censé redonner le blason du fabricant et ainsi sa position de leader sur le marché. Il y parviendra. Peut-être. Après tout, l'appareil photo est super et le Mate est parfait pour le quotidien.
Le Huawei Mate 40 Pro n'est pas le meilleur téléphone que j'avais en main en 2020, mais certainement le plus intéressant : aucun téléphone n'est aussi bien équipé du côté du matériel et friand d'expériences que le Mate 40 Pro.
Huawei Mate 40 Pro
256 Go, Mystic Silver, 6.76", Double SIM hybride + eSIM, 50 Mpx, 5G
On peut déjà en tirer une première conclusion : le Huawei Mate 40 Pro n'est pas fait pour tous ceux qui veulent juste déballer un téléphone avec un bon appareil photo et ne plus jamais s'en soucier. Ce modèle s'inscrit parfaitement dans la série Mate, qui est la série expérimentale de Huawei au moins depuis le Mate 20 Pro. Des technologies de pointe y sont intégrées, mais ces dernières ne sont peut-être pas encore tout à fait au point. Cela vous permet, en tant qu'amateur, d'avoir de quoi jouer. Un objet qui vous permet de faire des expériences, d'essayer de nouvelles choses et de ne pas seulement être utilisateur.
De plus, le Huawei Mate 40 Pro est utilisable au quotidien malgré l'absence de services Google. Mais ce n'est pas encore tout à fait ça.
Parons à la découverte d'un produit phare dédié aux passionnés.
Le système sur une puce (SoC) du Huawei Mate 40 Pro s'appelle Kirin 9000 (en anglais), le dernier, le plus rapide et le meilleur chipset jamais conçu par le fabricant de smartphones. Et les spécifications sonnent bien :
En bref, Huawei veut que vous sachiez que le Kirin 9000 est le meilleur et le plus puissant de tous les temps. Pour ce faire, le département marketing a tout mis en œuvre et sort des phrases comme Apple.
Tout comme Apple, ils ont généralement raison quand ils revendiquent de telles choses. En pratique, rien ne rend le Kirin 9000 lent ; et ce n'est pas faute d'avoir essayé. En règle générale, vous pouvez mettre un téléphone dans le rouge en tournant une longue vidéo 4K avec 60 images par seconde. Le P40 Pro surchauffe au bout d'une demi-heure. Mais le Kirin 9000, en revanche, reste performant. Le téléphone est chaud, mais il ne surchauffe pas et ne ralentit pas. Intéressant et extrêmement cool. La vidéo 4K 60 fps de 45 minutes qui en résulte est vraiment époustouflante.
Le Kirin 9000 a également passé avec succès tous les autres tests de stress. Dans le cadre d'un smartphone, le Kirin 9000 est supérieur aux exigences actuelles. Cela ne peut signifier qu'une seule chose : quelque chose de grand se prépare. Quoi ? Difficile à dire. Dans un premier temps, HarmonyOS sera, selon les dires, certainement jusqu'à cinq fois plus efficace.
Nous avons donc une plate-forme très solide et bientôt un logiciel beaucoup plus efficace qui devrait nécessiter moins de ressources.
Alors pourquoi toute cette puissance ?
Aucune idée, mais je suis sûr que se sera quelque chose de super cool.
Huawei aurait prêté une attention particulière à l'écran : l'écran Amoled, d'une résolution de 2772 x 1344 pixels, est courbé de 88 degrés. Et, écrit en caractères un peu plus petits, Huawei est un tout petit peu fier de pouvoir annoncer qu'il s'agit d'un écran de 90 hertz, donc qui affiche 90 images par seconde. Les écrans normaux des autres smartphones fonctionnent à 60 hertz et les produits phares sont à 120 hertz.
Le Huawei se situe donc pile entre les appareils standard et phares. Et ne se démarque pas du tout. La fréquence d'images de 90 images par seconde est si discrète qu'elle pourrait tout aussi bien ne pas dépasser 60.
Le fabricant le sait ; bien sûr. C'est exactement sur ces points qu'il est intéressant de s'intéresser au discours marketing ; quoi que dise un Richard Yu ou même un Tim Cook lors d'une conférence de presse ou d'un événement, il y a toujours quelque chose qu'il ne dit pas. L'écran du Mate 40 en est le parfait exemple.
L'écran serait construit de cette façon, car il serait plus économe en énergie que les écrans de 120 hertz de la concurrence. Cela semble concluant en soi et est également technologiquement correct. Mais après deux secondes de réflexion, l'argument s'effondre. Parce que si l'on y pense, même le meilleur écran ne devrait pas avoir un trop mauvais effet sur la durée de vie de la batterie.
Mais l'écran est bien calibré. Et de toute façon, quand les passionnés parlent de Huawei, ils parlent rarement des beaux écrans – ce qui est généralement le cas chez Samsung – mais de l'appareil photo.
Il a fallu environ deux heures pour que le Huawei Mate 40 Pro remplace le P40 Pro comme mon appareil photo mobile. Pour les photos élaborées, je choisis toujours mon Sony a7sii, mais pour des prises de voyage ou autres, mon choix se porte clairement sur le Mate 40 Pro. Et ce, malgré le fait que la caméra du Mate 40 Pro n'est pas la meilleure de la série Mate. En effet, il existe une meilleure version que celle que vous trouvez dans les magasins suisses.
Le système de caméra du Mate 40 Pro ressemble à cela :
Ce que les non-initiés en Suisse ne savent pas : il existe encore une version Pro+. Le système de caméra du Huawei Mate 40 Pro+ ressemble à cela :
Toutefois, la version Pro Plus ne sera pas lancée en Suisse, car les deux versions ne sont produites qu'en quantités limitées. La raison est faible, mais nous ne pouvons pas y faire grand-chose. Merci, Huawei.
Quoi qu'il en soit, même l'appareil le plus faible fonctionne mieux que certains des autres produits phares, voir même que ceux de tous les autres produits phares. Non seulement parce que la caméra enregistre beaucoup d'images, mais aussi parce que le logiciel de la caméra est extrêmement bien optimisé. L'accélérateur d'IA intégré dans un IPS 6.0 embarqué ; vous comprenez le clin d'œil ? Blabla marketing : reconnais les images et les scènes très rapidement et connais le monde. C'est-à-dire : là où au début – autour du Mate 20 – le Master AI de Huawei au nom dystopique ne reconnaissait que quelques éléments comme « ciel bleu », « animal » et « nourriture », Emui 11 sur le Huawei Mate 40 Pro livre une analyse détaillée de presque tout.
Ici nous avons un « chat » où le contraste et les niveaux de noir sont poussés de manière à ce que chaque poil de la bête soit le plus reconnaissable possible...
.. de la « neige », où les nuances de gris sont faites de manière plus subtiles et l'image est un peu désaturée...
.. une « cascade », où le temps d'enregistrement est raccourci de sorte que chaque goutte d'eau devrait être visible...
.. le « ciel bleu » où le ciel est rendu bleu, même très bleu.
Il y en a encore plus. La caméra a brièvement identifié le chat comme étant un « panda » avant de se resaisir et revenir à « chat ». Lever et coucher du soleil, nourriture, humains au format « portrait », voiture, etc. Le tout est impressionnant et livre des images époustouflantes. Pas étonnant que l'appareil photo compact rejoigne les rangs des technologies disparues comme le fax alors qu'un smartphone fait tant de choses avec, apparemment, tellement peu d'efforts.
Le mode nocturne, quant à lui, reste largement inchangé. Impressionnant sur le plan technologique, l'image est surexposée, et ce de manière totalement irréaliste. Mais bon, j'ai connu pire.
En regardant les images et en passant au crible celle ci-dessus, prise à Genève, je remarque quelque chose en arrière-plan : le mode nuit détecte-t-il la ville et filtre-t-il en conséquence ? En accord avec la productrice vidéo Stephanie Tresch, nous tentons une expérience destinée à expliquer les capacités de l'appareil photo dans l'obscurité. Tout d'abord, nous avons besoin d'un endroit sombre, ce qui n'est pas si facile à trouver dans les environs de Zurich, car la pollution lumineuse colore le ciel plus ou moins orange, selon l'endroit. Une forêt en Argovie devrait aider. À 6 heures du matin,
nous prenons notre mascotte, une licorne rose en peluche appelée « Horny », et nous l'enveloppons de guirlandes. Ensuite, nous la plaçons dans un endroit le plus sombre possible. La théorie : l'appareil photo ne reconnaît pas Horny, ne voit pas de lignes en arrière-plan indiquant des bâtiments ou la nature.
Voici le résultat sur trois photos :
À proximité, l'intelligence artificielle ne reconnaît aucun animal, scène ou personne. Nous obtenons donc une image qui montre la puissance de l'appareil photo avec un minimum de trucage logiciel. Comme le cadre est bien éclairé, la caméra n'a pas beaucoup de mal à repérer les branches, la licorne et la guirlande.
À moyenne distance, environ trois mètres, quelque chose d'étrange se produit. Là encore, l'IA ne reconnaît aucun objet ou scène pouvant être optimisé. Cependant, Horny, a reçu une sorte d'auréole. Mais en réalité, cette dernière n'est pas visible dans le petit bois argovien à 6 heures du matin. Une sorte de filtre faisant un flou a été appliqué. Pourquoi ? Est-ce le conflit entre l'éclaircissement en mode nuit, la lumière, et le fait de ne pas reconnaître la scène ? Donc l'appareil photo essaierait d'interpréter la lumière comme un objet, le mette en évidence, lui donne des contours nets et les brouille ensuite afin qu'il n'y ait aucun bruit au niveau des pixels ?
À une distance d'environ cinq mètres, l'appareil photo échoue. Il ne reconnaît plus de licorne en peluche. La stabilisation de l'image numérique échoue également. Les prises sont floues avec une lumière complètement blanche au milieu. La caméra n'a rien trouvé à mettre au point. L'écran avant la prise voyait encore moins.
Le mode nuit de la caméra est nettement plus performant lorsque le logiciel détecte le paysage. Car dans ce cas là, la NPU du téléphone peut intervenir et fonctionne de manière impressionnante. Sans l'IA, les images sont vraiment bonnes, mais loin du spectacle technologique de l'instantané optimisé et calculé qui va générer des « J'aime » et des commentaires sur les réseaux sociaux. Et lorsque l'appareil photo, avec ou sans scénario reconnu, fournit suffisamment de bonnes données pendant la journée pour traiter numériquement les images, il ne fournit que des données inutiles dans le noir à distance moyenne, avec ou sans Photoshop.
Le Huawei Mate 40 Pro n'est pas le seul projet de Huawei en cours de développement. Il y a aussi le remplacement des services Google, car depuis mai 2019, sur l'ordre de l'ex-président des États-Unis, Donald Trump, les entreprises américaines ne sont plus autorisées à travailler avec Huawei. Pourquoi ? À cause de soupçons d'espionnage. Résultat des courses : Huawei s'est fait couper l'herbe sous le pied. Certes, Android peut être utilisé librement sans les services Google, et fonctionne parfaitement, mais l'accès à l'App Store de Google, ainsi qu'à une foule d'API que Google met à la disposition des développeurs, a été coupé.
Les produits de remplacement de Huawei sont appelés Huawei Mobile Services et App Gallery.
Beaucoup de choses se sont passées entretemps. Les API de remplacement ont toujours fait leur travail jusqu'à présent, c'est pourquoi elles travaillent en arrière-plan du système sans être remarquées. Bien. C'est ainsi que cela devrait être, mais il n'y a pas grand-chose à dire à ce sujet dans un test. Elles fonctionnent, OK ; suivant.
L'App Gallery se transforme lentement mais sûrement en un store digne de ce nom. Le nombre d'applications augmente régulièrement, devient également de plus en plus intéressant et le sentiment qu'il s'agit d'un App Store chinois de Chine, pour la Chine avec des applications chinoises disparaît aussi petit à petit. Les « Top Rated Apps » me semblent très familières. Nous avons meteoblue à côté de Tinder et Tutti.ch qui jouent des coudes avec eat.ch pour gagner la faveur des utilisateurs. Je dirais que tout se passe bien, si seulement il n'y avait pas ces publicités ennuyeuses que l'on reçoit non seulement en tant que notifications, mais qui s'ouvrent aussi en plein écran dans l'App Gallery. Au fait, il est maintenant aussi disponible en version pour le navigateur.
Si une application ne peut être trouvée dans l'App Gallery, il est possible de la trouver via Petal Search. Au final, Android est et reste Android ; vous pouvez installer un APK, une application au format de fichier brut. Tout ce dont vous avez besoin est l'APK. Vous trouverez ce dernier sur Petal Search, mais nous ne pouvons pas vous promettre que chaque l'application fonctionnera à 100 %. Au final, les applis en dehors de l'App Gallery dépendent souvent uniquement des services Google, qui manquent au Huawei Mate 40 Pro. L'application alors bugge tout simplement, ou certaines fonctionnalités ne fonctionnent pas. Pour éviter cela, Huawei développe ses propres applications de remplacement. Les Petal Maps, qui sont étonnamment élaborées, remplacent Google Maps. Huawei a entre autres obtenu une licence pour le matériel cartographique du fabricant de systèmes de navigation Tomtom et peut donc proposer immédiatement une offre initiale importante.
En fin de compte, vous avez un téléphone qui n'est jamais ennuyant. Il y a toujours quelque chose à faire : une caractéristique activement améliorée par-ci, une question à laquelle on ne répondra peut-être pas avant un modèle successeur par-là. Mais au final vous obtenez surtout une chose : beaucoup, beaucoup de puissance. Le Huawei Mate 40 Pro est une bête de somme. Il est presque invincible dans le traitement d'une charge de travail.
Côté logiciel ? C'est là que ça devient intéressant. Pour la première fois depuis les sanctions, Huawei a un téléphone auquel j'attribuerais une grande fiabilité au quotidien, bien que sous certaines conditions. Les fonctionnalités sont là, qu'il s'agisse d'une application météo ou d'une solution de sauvegarde de vos images, mais elles ne sont pas encore aussi unifiées et fluides qu'un écosystème logiciel moderne devrait l'être.
Si vous voulez un téléphone qui, avant tout, prend de très bonnes photos et que vous êtes prêt à faire un effort minimal pour synchroniser les données résultantes avec tout le reste, ce téléphone est fait pour vous. Après tout, Huawei a réussi à lancer un écosystème en seulement deux ans, à garder sa position de leader sur le marché et surprendre les utilisateurs avec le design de ses téléphones.
Voilà, j'ai fini. J'adore ce téléphone. Je suis également sûr que le Mate 50, probablement doté de HarmonyOS, deviendra enfin le concurrent Google à part entière tant attendu.
Journaliste. Auteur. Hackers. Je suis un conteur d'histoires à la recherche de limites, de secrets et de tabous. Je documente le monde noir sur blanc. Non pas parce que je peux, mais parce que je ne peux pas m'en empêcher.