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Journey to China : Mystery of Iron Mask ou quand Jackie Chan rencontre Arnold Schwarzenegger

La bande-annonce donne espoir : Arnold Schwarzenegger et Jackie Chan vont s'affronter. Le film, lui, détruit tout espoir : mais qu'est-ce que je viens de regarder ? « Journey to China : Mystery of Iron Mask » est nullissime.

Arnold Schwarzenegger se bat contre Jackie Chan. Voilà ce que promet le film « Journey to China : Mystery of Iron Mask », sans le « the » devant « Iron » donc.

Le film russe est la suite du blockbuster d'action « Viy » sorti en 2014 ; il est connu en Russie sous le nom de « Viy 2 : Тайна печати дракон », en gros « Le secret du sceau du dragon ». Étant donné que dans le film Jackie Chan se bat contre Arnold Schwarzenegger, les studios Universal se sont dit que le public occidental aurait sans doute aussi de l'intérêt pour le film vu que « Viy » avait été le plus grand succès cinématographique de l'année en Russie. La suite ne devrait donc pas être trop nulle, non ?

Eh bien, si. Le film est mauvais. Le film est même très mauvais. Le film est même tellement mauvais que j'aimerais récupérer les deux heures de ma vie que j'ai gâchées à le regarder.

De quoi s'agit-il réellement ?

Le problème principal du film est le scénario. En effet, les scénaristes Dmitry Paltsev, Alexey A. Petrukhin et Oleg Stepchenko courent à leur perte avec leur truc ; il ne manquerait plus que des aliens. Après environ 90 des 120 minutes que dure ce patchwork cinématographique, je ne serais pas étonné si quelques extraterrestres se baladaient par là, participaient à une toge partie et remportaient le tournoi de Wimbledon en battant des vampires chevauchant des phoques.

La trame, plus ou moins compréhensible, est la suivante : un cartographe anglais (Jason Flemyng) fait un voyage de Russie en Chine. La raison de son voyage n'est pas explicitée, mais on peut s'imaginer que c'est pour cartographier la région. Les spectateurs peuvent le déduire grâce au deuxième générique après environ les dix premières minutes du film. En effet, les films ont souvent un deuxième générique dans lequel figurent les crédits et tout ça. Un garçon chinois (姚星彤, Yao Xingtong, aussi connu sous le nom d'Helen Yao), visiblement joué par une femme, accompagne le cartographe. On ne sait pas vraiment pourquoi ces deux personnes voyagent ensemble et encore moins pourquoi elles ont une sorte de mascotte-dragon à moitié en peluche avec elles. C'est sûrement pour des raisons de promotion. Quand on pense que ça a fonctionné pour les drôles de petits porgs dans « Star Wars », on peut s'imaginer que ça marchera aussi avec le dragon poilu sans nom. La seule différence réside dans le fait que notre singe-dragon en peluche est ici plus glauque que mignon.

On a connu de meilleures images de synthèse et designs.
On a connu de meilleures images de synthèse et designs.

Quoi qu'il en soit, le cartographe n'est pas vraiment important dans l'histoire. Ou si justement ? Ce n'est pas clair jusqu'à la fin, car à la Tour de Londres, dans une prison, un homme portant un masque de fer se trouve à côté de Jackie Chan. Le gardien est incarné par un Arnold Schwarzenegger censé être anglais. Pourtant, aucun mot prononcé ne sonne comme il le devrait et on veut nous faire gober qu'il est anglais ? Oui, on s'est compris. Il était plus crédible en Ray Owsen, shérif d'une petite ville américaine typique, dans le film « The Last Stand » sorti en 2013.

L'homme au masque de fer est en fait le tsar Pierre 1er le Grand qui régnait sur l'Empire russe de 1682 à 1725. La raison pour laquelle il porte un masque de fer n'est pas très claire, étant donné qu'on sait depuis le début qui il est. D'ailleurs, il enlève son masque à un moment donné. Le titre du film, « Le mystère du masque de fer », ne s'occuperait donc pas de « qui se cache derrière ce masque ? », mais plutôt « pourquoi portez-vous un masque ? ».

La Chine du film, mystique et pleine de magie, ressemble à la Chine d'il y a mille ans. Les braves paysans se battent contre le régime de terreur de la sorcière aux dragons (Li Ma). Cela pourrait avoir quelque chose à voir avec la trame du premier film, où il était question des sourcils d'un dragon ayant des pouvoirs de guérison.

Comme si ce n'était pas suffisant, il y a encore d'autres éléments dans le film. En une heure et demie, on voit passer des pirates, des robots, des scientifiques, des négociations du commerce de thé entre la Russie et la Chine, des anguilles, de l'alchimie, des triangles amoureux, des villes sous-marines, un extrait d'une comédie musicale, de la peinture sur ventre faite par des Chinois sur des Russes et vice versa, et, d'une manière ou d'une autre, les pères font aussi partie de l'histoire. Pas forcément dans cet ordre-là, mais bon on s'en fiche. À aucun moment le film n’est même partiellement cohérent. C'est comme si les scénaristes du film avaient simplement mis ensemble une série de jolis décors et un gros budget de 49,1 millions de dollars Américains à griller.

D'accord, mais tout de même Jackie Chan contre Arnold Schwarzenegger !

Quand la voix off n'épilogue pas sur la beauté du lac Baïkal, on voit le tsar en compagnie de Jackie Chan dans la prison gardée par Arnold Schwarzenegger. Lorsque le Jackie Chan de 66 ans décide de s'enfuir pour une raison qui nous échappe, mais qui n'est à mon avis pas très importante, le Chinois qui a la bougeotte doit faire face à la montagne américano-autrichienne faite homme.

La scène est aussi courte que bonne.

Schwarzenegger et Chan savent parfaitement ce dont ils sont capables. Jackie Chan nous montre qu'à son âge il ose toujours faire des cascades que certains casse-cous de 20 ans à Hollywood n'oseraient jamais.

Jackie Chan est toujours au top.
Jackie Chan est toujours au top.
La perruque et la barbe collée n'étaient pas vraiment nécessaires.
La perruque et la barbe collée n'étaient pas vraiment nécessaires.

Arnold Schwarzenegger a l'air cinglé avec sa moustache et sa perruque, mais, même à 72 ans, il a toujours la classe. Bien entendu, lui non plus n'a plus rien à prouver en tant que combattant de kung-fu. On attend de lui qu'il lance des gens et des objets à travers les airs. Le résultat est donc un Jackie Chan qui frappe fort contre les murs, un Arnold Schwarzenegger qui encaisse des coups et des spectateurs qui souffrent avec eux. C'est aussi dans cette scène qu'on retrouve les seuls dialogues marrants et les vraies situations comiques du film.

Arnold Schwarzenegger avec perruque et moustache.
Arnold Schwarzenegger avec perruque et moustache.
Bien mieux : Arnold Schwarzenegger dans « Terminator : Dark Fate ».
Bien mieux : Arnold Schwarzenegger dans « Terminator : Dark Fate ».

Dommage que le film ne se souvienne que durant quelques minutes que Chan et Schwarzenegger sont de la partie, avant de les oublier de nouveau. « Viy 2 » retourne ensuite en direction de la Russie-Chine et met en scène des choses incompréhensibles. Si vous ne vous intéressez qu'à la scène des deux légendes des films d'action, alors attendez que l'extrait de la scène de combat soit disponible sur YouTube.

Comment le film pourrait être sauvé

Mis à part le combat des deux légendes, le film n'est tout de même pas totalement perdu. C'est pourquoi je vais tenter de faire passer le film de mauvais et incohérent à passable et cohérent avec les éléments que présente le film.

Dans ma version, il est question d'un cartographe russe. Les Anglais n'ont pas besoin d'être dans le film.

Ce cartographe tombe sur un jeune garçon chinois mystérieux qui est à la recherche d'un emploi. Le cartographe a justement besoin d'un assistant qui pourrait faire toute sorte de choses pour lui. Ça tombe bien, parce qu'en plus le cartographe veut aller en Chine afin de dessiner une carte du pays, mais ne parle pas chinois. Un assistant qui parle chinois est donc exactement ce qu'il lui faut.

Ensemble, ils traversent le lac Baïkal gelé et le désert ardent.

Une fois en Chine, ils arrivent dans un village qui se trouve face à un problème de taille : la sorcière aux dragons. Vu qu'elle s'est approprié les anciens pouvoirs de guérison des dragons, les villageois dépendent d'elle du point de vue de leur santé. La sorcière empoisonne l'eau pour que les villageois soient toujours plus ou moins malades. Celui qui ne fait pas ce qu'elle veut mourra.

Le cartographe et le gamin n'aiment pas ça. Cela dit, on constate que le gamin est en fait la princesse légitime du pays où se trouve le village de la sorcière aux dragons. Elle ne peut pas supporter de voir son peuple ainsi exploité et opprimé. Son retour est célébré en grande pompe par les villageois et, de plus, la princesse est elle-même une redoutable combattante de kung-fu dotée de quelques pouvoirs magiques.

La rébellion commence.

La sorcière aux dragons envoie ses soldats magiques sur le champ de bataille. La princesse n'a aucune chance et de nombreux villageois tombent au combat. À vrai dire, le cartographe ne veut pas se mêler au conflit, mais ne supporte pas d'assister plus longtemps à cette souffrance. Il propose de venir en aide à la princesse et aux villageois avec la technologie steampunk occidentale.

La princesse doute de l'efficacité de cette technologie, mais veut libérer son maître, incarné par Jackie Chan, du cachot de la sorcière aux dragons en utilisant des techniques d'espionnage.

Le plan de sauvetage risque d'échouer. Au dernier moment, toutefois, le cartographe russe, qui sait utiliser le fameux truc steampunk, intervient. Le maître est libéré et avertit la princesse, son élève, que si la rébellion doit réussir, elle a besoin de toute l'aide qu'elle peut obtenir.

Le cartographe a besoin de tissu rouge pour fabriquer des planeurs pour les villageois afin qu'ils puissent attaquer la forteresse de la sorcière aux dragons par les airs et ouvrir les portes depuis l'intérieur. Du tissu rouge ? Un fermier à la lisière du village connaît un mystérieux Occidental toujours vêtu de rouge. Étant donné qu'il est plus montagne qu'homme, aurait-il du tissu rouge en rab ? L'homme se nomme James Hook, mais parle avec un accent étranger. Personne ne sait vraiment qui il est, d'où provient sa marchandise et pourquoi il est là. Il est un peu louche, mais on ne peut pas le louper. Pourquoi porte-t-il un uniforme de l'armée britannique coupé sur mesure ? Le modèle pour le rôle d'Arnold Schwarzenegger dans ce film est Hannibal Chau (Ron Perlman) de « Pacific Rim ».

Au début, le maître et Hook ne s'entendent pas. À la suite d'une scène de combat, ils apprennent à se respecter. Ainsi, les querelles entre les deux s'estompent peu à peu.

Avec les villageois, notre drôle de bande se prépare à combattre la sorcière aux dragons.

Voilà ce qu'on appelle un film cohérent. Bien entendu, ma version de « Journey to China : Mystery of Iron Mask » ne gagnerait jamais d'Oscar non plus, mais je m'en fiche. Je veux faire un film cohérent, qui a du sens et qui divertit les spectateurs.

Il existe pourtant des éléments divertissants dans le film. Quelque part. Les idées en soi ne sont pas mauvaises. Les effets spéciaux numériques sont bons, les décors sont bien faits, les costumes sont intéressants et la chorégraphie de combat passe encore. D'ailleurs, dans ma version, la princesse se battrait dans un style wuxia chinois. Les prises de vue larges, les tourbillons dans les airs et la gravité seraient davantage perçus comme des suggestions que des règles. Les combats des Occidentaux, en revanche, seraient filmés avec des caméras qui bougent, en gros plans et avec des séquences rapides.

Dans le grand final, la princesse affronte le guerrier du vent, « Arnie » s'en prend au guerrier de pierre et le cartographe doit, à contrecœur, se défendre contre le guerrier de l'éclair. Tout n'est que wuxia, combats acharnés et ruses. Et Jackie Chan dans tout ça ? Il est omniprésent, il tient seul des soldats de la sorcière aux dragons en échec de manière spectaculaire, car Jackie Chan a besoin de beaucoup d'éléments dans ses scènes de combat. Des gens, des meubles, des armes... peu importe. Il peut aussi faire sa fête au guerrier du son, qui est vaincu par un gadget.

Finalement, nos héros se trouvent face à la sorcière aux dragons elle-même qui sort son dernier atout : le dragon.

La princesse s'avance devant les hommes forts et déclare : « Je m'en occupe. »

Voilà, c'est fini. « Journey to China : Mystery of Iron Mask » comporte en fait peu de voyages. Pas de mystère sur un masque de fer dont il est aussi peu question tout court. Cela dit, « To China : of » serait vraiment nul comme titre.

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Journaliste. Auteur. Hackers. Je suis un conteur d'histoires à la recherche de limites, de secrets et de tabous. Je documente le monde noir sur blanc. Non pas parce que je peux, mais parce que je ne peux pas m'en empêcher.


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