Dans les coulisses

Le règlement de travail et le bon vieux temps

Quand nous publions un nouveau règlement de travail, il reflète toujours le développement d'une entreprise qui a commencé avec trois amis et qui compte maintenant plus de 1300 employés sur plus d'une douzaine de sites. Il est temps de faire place à la nostalgie avec deux personnes qui ont (presque) tout vécu.

Le Parlement suisse l'a récemment proposé, nous étions déjà un peu plus rapides : depuis le 1er septembre 2019, les jeunes pères chez Digitec Galaxus ont deux semaines de congé paternité. Cela s'inscrit dans notre philosophie, car le développement du personnel est au cœur de la promesse que nous faisons à nos employés. Beaucoup d'entreprises font preuve d'une grande créativité en matière d'avantages accordés aux employés. Mais les chichis ne sont pas notre truc. Voilà ce que nous proposons concrètement :

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Tout le monde peut baisser son taux d'occupation à 80 %. Oui, tout le monde. Même les cadres. La vie ne s'arrête pas juste parce que tu as reçu une promotion.
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Possibilité de prolonger le congé paternité ou maternité de 10 semaines de congé sans solde. L'entreprise sera encore là lorsque tu reviendras.
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Réduction employés. Car : nous connaissons nos produits, les achetons, les testons et les évaluons.
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Cinq semaines de vacances par an pour tous. Question d'honneur.

Cornelia Möller est avec nous aux RH depuis 12 ans et a déjà mené de nombreuses batailles. Florian Teuteberg a fondé l'entreprise en 2001 avec Oliver Herren et Marcel Dobler. (Photo : Stephanie Tresch)
Cornelia Möller est avec nous aux RH depuis 12 ans et a déjà mené de nombreuses batailles. Florian Teuteberg a fondé l'entreprise en 2001 avec Oliver Herren et Marcel Dobler. (Photo : Stephanie Tresch)
*Pour l'interview, Conny a exprès emporté un ancien règlement de travail (version 1.2.3 datant de décembre 2007).

Vous vous souvenez de la première version du règlement de travail ?
Florian Teuteberg, CEO : c'est presque la première version. Datant de 2005 ! Nous existions déjà depuis cinq ans à l'époque. Pendant les premières années, le règlement de travail était toujours développé de cette manière : si on se faisait réprimander pour une raison ou pour une autre, on le notait dans le règlement de travail. Un bon exemple : dans le passé, il y avait ces CD vierges. Certains employés se servaient simplement dans le stock pour y graver leur musique et les emporter à la maison. À un moment donné, nous avons dû y mettre un terme et avons consigné cette interdiction dans le règlement de travail.
Cornelia "Conny" Möller, HR Manager Payroll : mon règlement de travail stipule encore qu'en cas de maladie ou d'accident, tu dois en informer le chef d'équipe par téléphone. Par téléphone ! Les e-mails et les SMS n'étaient pas autorisés. Et le plus drôle dans tout ça : quand le chef d'équipe n'était pas disponible, il fallait appeler Marcel Dobler ; s'il n'était pas disponible non plus, Florian ; si on n'arrivait pas à le joindre, il fallait appeler Marcel sur son portable.😊 Et il y avait encore marqué qu'il fallait enregistrer leur numéro sur ton portable. Avez-vous déjà reçu de tels appels ?
Florian : oui, bien sûr. Ok. Je recevais beaucoup d'appels quand les gens étaient malades !

Quels sont les autres changements ?
Conny : à l'époque, on imprimait toujours deux exemplaires, un pour l'employé et un que l'on devait retourner signé pour le dossier. Mon dossier est encore très épais parce qu'il y a beaucoup de choses de ce genre : règlement de sécurité, règlement de travail, règlement sur le vol. Maintenant, nous envoyons le règlement de travail par e-mail accompagné d'une pièce jointe avec une liste de tous les règlements. Tu ne signes plus que la pièce jointe et plus tout le document.
Après tout, ce n'est qu'en 2009 que les RH sont apparues sous la forme que nous leur connaissons aujourd'hui. Autrefois, les RH et la comptabilité n'étaient séparés, les deux domaines se rejoignaient. Au départ, Marcel (Dobler) s'occupait aussi des fiches de paie. Il les faisait à chaque fois qu'il en avait le temps. À un moment donné, nous avons décidé que ce n'était plus possible et que les employés devaient toujours être payés au même moment. Ce n'est qu'en 2009 qu'il y a eu trop de travail pour faire les deux choses en même temps.

Quels points ont disparu ?
Conny : nous avions un système de points. Tu t'en souviens ?
Florian : oui c'était élaboré ! J'étais dévasté quand nous avons aboli le système. Le principe était le suivant : si tu arrivais trop tard, tu ne recevais pas tout de suite un avertissement, comme le font d'autres entreprises. Mais nous avions une sorte de système de points de pénalité, comme dans la circulation automobile. On y inscrivait par exemple : « Ne respecte pas le temps de pause ; arrive trop tard ; n'a pas signalé une maladie ou un accident ; des clients se sont plaints du comportement d'une personne ; utilise le téléphone, l'Internet, les e-mails, le portable à titre privé ; nous avions aussi des règles spécifiques aux départements. Au total, on pouvait « obtenir » cinq points.
Au bout d'un certain temps, nous avons aboli le système. Le problème était que jamais personne ne donnait cinq points. Les supérieurs avaient déjà du mal à donner un point. « Tu as un point » était déjà une forme d'avertissement. Par la suite, on a décidé de rendre le tout plus individuel.

En quoi le document d'aujourd'hui diffère-t-il de celui du passé ?
Florian : il a massivement changé ! On le voit déjà à la longueur du contenu. Avant, il faisait six pages. Maintenant, il en fait 18.
Conny : de plus, tout est devenu beaucoup plus complexe, surtout avec les assurances ! Plus vous engagez de personnes, plus vous avez des personnes pour remettre les choses en question.

Florian : maintenant, nous avons toute une page sur notre philosophie. Nous l'avons aussi un peu épurée et adaptée au nouvel état d'esprit de l'entreprise. Ce qui est encore plus clair maintenant, c'est que l'on part du positif et que l'on n'essaie pas de résoudre tous les problèmes de front. Il n'est pas nécessaire de couvrir tous les cas dans le règlement de travail, mais on suppose essentiellement que les employés font preuve de bon sens et qu'ils essaient simplement de régler les cas qui sont peu clairs ou extrêmement importants. Par exemple, il est évident pour tout le monde que le vol n'est pas accepté.

Peut-on être piratif avec un règlement de travail ?
Florian : bonne question. À vrai dire, j'ai toujours eu du mal avec le règlement de travail. On a souvent pensé à le laisser de côté. Mais je pense qu'en fin de compte, cela empêche les discussions au quotidien... ces points sont de toute façon abordés. Vacances, maladie, temps de travail : tout doit être réglementé. Si nous ne les notons pas, ces points surviendront de partout et il y aura des discussions. Ça ne vaut pas la peine d'investir cette énergie et ce temps là-dedans. Il est préférable de débuter sur des bases claires et se concentrer ensuite sur de véritables missions piratives.

Est-ce que notre règlement de travail se différencie des autres ? Est-ce que l'état d'esprit DG se retrouve aussi dans un document aussi formel ?
Florian : chez nous, la culture du « tutoiement » est certainement mise en valeur de façon explicite. Cela rend le tout moins compliqué et plus personnel. Nous avons aussi essayé de ne pas seulement documenter le côté factuel, mais aussi d'expliquer pourquoi nous faisons les choses de cette manière. Par exemple, en ce qui concerne la discrimination, nous avons une petite introduction. Et nous expliquons en détail pourquoi la diversité est extrêmement importante à nos yeux.

Êtes-vous content de pouvoir y mettre un point final après des semaines de travail ?
Conny : oui, en effet. Ce document nous a demandé beaucoup de travail.😊
Florian : je pense que l'on perçoit maintenant bien l'état d'esprit de notre entreprise. En fin de compte, un tel règlement de travail reflète aussi la relation la plus importante que nous entretenons en tant qu'entreprise, celle que nous entretenons avec nos employés. Nous sommes confrontés aux préoccupations quotidiennes et moins quotidiennes de nos employés à chaque révision. Regarder les choses de plus près en vaut la peine.

Les pirates doivent parfois aussi avoir les choses noir sur blanc : le règlement de travail au fil des années (photo : Stephanie Tresch)
Les pirates doivent parfois aussi avoir les choses noir sur blanc : le règlement de travail au fil des années (photo : Stephanie Tresch)

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Que ce soit dans notre entrepôt à Wohlen, dans nos succursales ou chez les comptables: dans cette jungle qu'est Digitec Galaxus, je saute de liane en liane et me mets en quête d'histoires passionnantes.

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