

Le trou noir et la montagne de données

Oui, la science ! La voilà : la première image tant attendue d'un trou noir. Un aspect totalement secondaire du communiqué de presse m'a particulièrement intrigué.
Une communauté internationale de chercheurs a réussi, au prix d'énormes efforts techniques, à photographier un trou noir. Vous pouvez admirer la nouvelle sur tous les portails d'information. Que ce soit New York Times, Guardian, NZZ, Luzerner Zeitung ou Hindustan Times, le trou noir est actuellement partout.
En lisant la dépêche du Spiegel Online, j'ai été déconcerté :
La photo est composée de nombreuses mesures individuelles. Les observations de l'EHT avaient permis d'accumuler plusieurs pétaoctets de données en 2017 et 2018. Celles-ci ont été stockées sur les télescopes à l'aide de disques durs, puis envoyées par courrier aux centres de données de l'Observatoire Haystack à Boston (Massachusetts) et de l'Institut Max Planck de radioastronomie à Bonn.
Pourquoi ? Par courrier postal?!
La configuration de l'Event Horizon Telescope (EHT) est la suivante : différents télescopes autour du globe ont été déployés pour former un immense télescope virtuel de 8000 kilomètres de diamètre. Ils collectent toutes les données. Les montagnes de données doivent ensuite être déplacées d'un endroit à l'autre. Le communiqué de presse ne précise pas la taille exacte de la montagne de données, il est simplement question de pétaoctets.
Sur une photo prise par la scientifique qui a assemblé l'image, on peut voir le chiffre : 5 242 880 gigaoctets de données ont été collectés par l'ensemble des télescopes.

Supposons qu'un pétaoctet de données ait été collecté à l'observatoire du pôle Sud. Supposons encore qu'il y ait une ligne gigabit entre le pôle Sud et l'Institut Max Planck. 1 PB correspond à 1 000 000 000 de Mo. 1 Gbit/s correspond à 125 Mo par seconde. Le transfert d'un seul pétaoctet de données du pôle Sud vers l'Allemagne prendrait 92,5 jours.
Ce qui est amusant, c'est qu'une camionnette ou un petit avion rempli de disques durs a un débit de données assez élevé. Je suppose que le pétaoctet a été transporté par un Douglas DC-6. L'avion a une autonomie d'environ 6200 km, il doit donc faire 3 escales et faire le plein, disons 2 heures. Le voyage dure 32 heures à 500 km/h. Au total, cela fait donc 38 heures. Ensuite, il faut ajouter 4 heures pour le transport de l'aéroport à l'Institut Max Planck. Cela permettrait d'atteindre un débit de plus de 6,5 GB par seconde. Pas mal!
La technique consistant à transporter physiquement des données a même un nom : Réseau de baskets.
À vous de jouer
Vous voulez mettre à niveau votre NAS (Les instructions de Martin Jud sont disponibles!) et pouvoir stocker vous-même les données brutes pour un trou noir ? Pas de problème, 656 exemplaires du WD Red de 8 TB coûtent actuellement la modique somme de 183 024 francs

Ils ne pèsent pas plus d'une demi-tonne au total et peuvent être transportés très confortablement avec le van Hi-Tec:


Je dompte la rédaction. Rédacteur le jour, papa le soir. Je m’intéresse à la technique, aux ordinateurs et à la HiFi. Je fais du vélo par tous les temps et suis presque toujours de bonne humeur.