En coulisse

Le vélo électrique, je gère... ou pas

Martin Jungfer
21/4/2023
Traduction: Martin Grande

Les personnes qui se déplacent à vélo électrique peuvent commettre beaucoup d’erreurs, alors même que beaucoup d’entre elles sont expérimentées. Je vous relate les propos d’un expert en prévention de la police zougoise.

Remo Zemp sait ce qu’il fait. Les personnes participant au cours de sécurité routière pour vélos électriques, elles, sont très enthousiastes. Une petite dizaine d’hommes et de femmes se sont inscrits à ce cours organisé conjointement par Pro Senectute du canton de Zoug, la police zougoise et la section zougoise du TCS. Notre objectif : rouler en toute sécurité sur nos vélos électriques. La couleur dominante des cheveux est le gris et l’uniforme est la veste matelassée en duvet. Ce sont des personnes qui aiment passer leur temps libre en vélo électrique, pour des promenades dans la nature ou pour faire des courses en ville.

Elles ont payé 50 francs suisses de frais de participation et investissent deux matinées pour le cours. Je participe également au cours... sur mon temps de travail, à des fins d’observation, et aux frais de Galaxus.

Toujours prêt à freiner

Le premier jour, on attaque les bases. Sur la place en béton devant l’arène de hockey sur glace de l’EV Zoug, le vent siffle à travers les vêtements par un mardi matin froid d’avril. La police est déjà là lorsque le groupe arrive. Remo Zemp, responsable du service de prévention policière auprès de la police de Zoug, a déjà installé des petits plots colorés sur le site. Il s’agit de différents parcours.

Mais avant de monter en selle, un peu de théorie. Remo connaît les déficits dont souffrent surtout les électro-cyclistes. Il met le doigt sur plusieurs mauvais gestes, mais sans faire de reproches, de manière à ne froisser personne. Son style décontracté et plein d’humour est bien accueilli dans le cercle des personnes désireuses d’apprendre. Elles commencent par dire adieu à la position « du singe », qui consiste à entourer le guidon avec le pouce et les quatre doigts. En cas de danger, celui ou celle qui conduit de cette manière perd un temps précieux avant de pouvoir freiner, explique Remo. C’est la raison pour laquelle un ou deux doigts devraient toujours se trouver sur le levier de frein.

Le pouce, l’annulaire et l’auriculaire tiennent la poignée ; l’index et le majeur sont prêts à freiner.
Le pouce, l’annulaire et l’auriculaire tiennent la poignée ; l’index et le majeur sont prêts à freiner.
Source : Christian Walker

La force est suffisante, même avec un seul doigt. En effet, les vélos électriques sont généralement équipés de freins à disque à transmission hydraulique. Un freinage d’urgence est également possible avec un seul doigt sur le frein avant et un seul doigt sur le frein arrière, comme Remo le démontre lui-même. Il actionne les deux freins, et pas seulement celui de la roue arrière. La roue avant ne risque-t-elle pas de se bloquer ? Pour éviter cela, il est important d’utiliser les freins avant et arrière en même temps, sans trop appuyer sur l’un ou l’autre. Remo dit qu’il faut suivre son instinct et « ressentir » le freinage. C’est donc une question d’entraînement. Le mieux est d’essayer dans une zone sans trafic.

Rouler en vélo électrique implique une vitesse plus élevée et un poids total plus important, qui augmentent considérablement la distance de freinage. Par exemple, une personne qui roule à 25 km/h a une distance d’arrêt de près de 19 mètres. C’est presque deux fois plus que pour un vélo « normal » qui roule à 15 km/h. Les meilleurs freins d’un vélo électrique ne compensent donc pas complètement la vitesse plus élevée.

La personne qui roule est responsable du freinage. C’est pourquoi le policier envoie le groupe sur la piste après la théorie. Les casques sont bien ajustés. Aucun n’est trop lâche en cas de hochement de tête violent ou de secousse de la tête, et tous ont deux doigts d’espace au-dessus de la barre nasale. Parfait.

Sur le tracé, nous allons tout droit, à gauche et à droite dans des virages bien définis et nous slalomons entre les plots. Au final, personne n’est descendu involontairement, personne n’est entré en collision. Bien évidemment, nous avions des consignes. Certaines personnes ont réglé leur selle trop haut. Lorsqu’elles s’arrêtent, elles ne peuvent pas rester assises sur la selle tout en prenant appui sur le sol avec un pied. Or, c’est précisément ce qui permettrait de se tenir debout et surtout de s’arrêter de manière stable. En effet, si votre assise est trop haute, vous aurez un problème juste avant de vous arrêter. Il ou elle doit alors se mettre en danseuse et, tout en roulant très lentement, freiner et trouver la stabilité. Remo est prêt à nous assister dans ces cas-là. Avec une clé Allen adaptée, les hauteurs de selle sont directement ajustées. Quelques électro-cyclistes du groupe auraient préféré une position assise plus haute et donc plus confortable en roulant. Mais qui pourrait contredire un policier ? La sécurité avant tout. Je tiens à dire que la hauteur de ma selle est bonne. J’arrive à poser la plante des pieds sur le sol. Tout juste !

Combo moteur et changement de vitesse

La question de l’assistance moteur et de la bonne vitesse est primordiale. Les exercices de conduite sur le terrain se déroulent tantôt plus rapidement, tantôt plus tranquillement. Au goût de Remo, les membres du groupe n’ont pas assez passé les vitesses. Les personnes qui font du vélo électrique ont tendance à moins utiliser le changement de vitesse. Les gens utiliseraient plutôt les niveaux d’assistance du moteur. Cela pose un problème si l’on veut redémarrer avec un rapport trop élevé. Il est ainsi plus difficile de garder l’équilibre. De plus, l’assistance du moteur peut intervenir soudainement et donner une impulsion inattendue au vélo électrique, synonyme de risque de chute accru. C’est la raison pour laquelle il faut rétrograder avant de s’arrêter. De toute façon, il est recommandé de choisir un niveau d’assistance à la conduite avant de partir et de s’y tenir. Les exceptions sont les montées prévisibles et plus longues, pour lesquelles un niveau plus élevé sur une longue période en vaut la peine.

Remo Zemp a les yeux rivés sur les cyclistes pendant les exercices de conduite.
Remo Zemp a les yeux rivés sur les cyclistes pendant les exercices de conduite.
Source : Christian Walker

Deuxième journée

Le deuxième jour commence également par de la théorie avant que nous ne soyons relâchés dans la nature, c’est-à-dire sur la route. Là où les accidents se produisent. Avant de lire la suite, je vous invite à participer à la devinette suivante :

Vélos électriques et sécurité

Quel pourcentage de tous les accidents impliquant des vélos électriques sont des "auto-accidents", c'est-à-dire des accidents qui n'impliquent pas d'autres usagers de la route ?

Le concours est terminé.

Dans nettement plus de la moitié des accidents impliquant des personnes sur un vélo électrique, le conducteur ou la conductrice est la seule personne impliquée, comme le montrent les statistiques du Bureau de prévention des accidents (BPA). Si vous avez répondu 55 pour cent, vous avez donc trouvé la bonne réponse.

Les accidents les plus fréquents se produisent pendant la conduite en ligne droite. Si l’on interroge les personnes accidentées, 31 pour cent disent qu’elles ont « dérapé », 18 pour cent ont raté le « franchissement d’un obstacle » et 13 pour cent les voies ferrées ou les rails. La police a des catégories différentes. Pour elle, « inattention/distraction » et « alcool » sont les deux raisons principales.

Les collisions avec d’autres personnes sur la route se concentrent sur les ronds-points. Quatre accidents sur dix s’y produisent, et dans seulement quatre pour cent des cas, les personnes à vélo électrique sont les responsables principales. En cette journée, Remo fait pédaler le groupe à travers les ronds-points si souvent qu’on en a presque le vertige.

Remo explique les dangers qui guettent les électro-cyclistes sur la route.
Remo explique les dangers qui guettent les électro-cyclistes sur la route.
Source : Christian Walker
Théorie avec de la craie et un marqueur lumineux en guise de vélo : les élèves discutent du fait de tourner correctement à gauche.
Théorie avec de la craie et un marqueur lumineux en guise de vélo : les élèves discutent du fait de tourner correctement à gauche.
Source : Christian Walker

Les ronds-points sont aujourd’hui très à la mode dans la construction routière. Depuis le début des années 90, ils remplacent de plus en plus souvent les carrefours classiques. Les personnes qui commencent aujourd’hui à faire du vélo électrique à un âge avancé n’ont même pas connu de ronds-points dans leur jeunesse, selon Remo. C’est la raison pour laquelle il procède à un rappel des règles :

  1. Avant d’aborder le rond-point, coup d’œil par-dessus l’épaule et signe de la main.
    1. Pour prendre la première sortie, rester le plus à droite possible. Sans oublier le coup d’œil et le signe de la main.
    2. Pour prendre la deuxième ou la troisième sortie, se placer au milieu de la voie, après un signe de la main, bien sûr.
    3. Dans les ronds-points, les véhicules roulent au milieu de la chaussée ; les voitures n’ont pas le droit de dépasser.
    4. Avant de quitter le rond-point, regarder par-dessus son épaule et faire un signe de la main. Après avoir quitté le rond-point, se remettre en file sur le bord droit de la chaussée.

Voici une vidéo pour illustrer tout ça.

En principe, Remo recommande une conduite non-agressive, des signes clairs aux automobilistes, voire, dans l’idéal, un bref contact visuel avec les automobilistes qui veulent s’engager dans le giratoire. Selon lui, beaucoup d’automobilistes ne font pas assez attention dans les ronds-points, n’ont d’yeux que pour la sortie et oublient de mettre leur clignotant. En tant qu’électro-cycliste, la meilleure façon de se protéger est d’anticiper les erreurs des autres et de connaître les dangers.

Un vélo électrique n’est pas un vélo. Il est important de maîtriser le vélo électrique, de connaître le code de la route, de se rendre bien visible en portant des vêtements adaptés et de bien montrer ses intentions aux autres en faisant des signes.
Remo Zemp, chef du service de prévention routière, police de Zoug

Après deux jours de formation à la conduite, j’ai bien retenu ma leçon : quand je tourne, je mets toujours le bras sur le côté, de manière bien visible. Aussi exemplaire qu’à l’école primaire. Et ce n’est pas tout. Même si beaucoup de choses semblaient évidentes en théorie, dans la pratique, nous devenons parfois négligents, avec le temps. En tant qu’électro-cycliste attaché au code de la route, le cours de vélo électrique m’a permis d’identifier quelques mauvaises habitudes et de m’en défaire. On n’est jamais trop jeune pour apprendre.

Regard par-dessus l’épaule, signe de la main. J’ai appris ma leçon.
Regard par-dessus l’épaule, signe de la main. J’ai appris ma leçon.
Source : Christian Walker

En Suisse, différents organismes proposent des cours de conduite d’e-bikes. Le TCS, la police et Pro Senectute à Zoug proposent le cours auquel j’ai pu participer en mai, juin et août. Vous trouverez plus d’informations à ce sujet sur ce site avec le mot-clé « e-bike ». Vous trouverez aussi des informations sur les cours organisés dans votre région sur le site du TCS. D’autres cours existent, également de fournisseurs privés, en faisant une recherche Google correspondante.

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Je suis journaliste depuis 1997. Stationné en Franconie, au bord du lac de Constance, à Obwald, Nidwald et Zurich. Père de famille depuis 2014. Expert en organisation rédactionnelle et motivation. Les thèmes abordés ? La durabilité, les outils de télétravail, les belles choses pour la maison, les jouets créatifs et les articles de sport. 


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