
L'UE s'accorde sur de nouvelles règles pour l'Internet

A l'avenir, il y aura également une sorte de loi sur les services en ligne au niveau de l'UE. Toutefois, les dispositions de la loi sur les services numériques (DSN) sont nettement plus complètes.
Ceci est un article de notre partenaire de contenu "Golem". Tu trouveras ici l'article original de l'auteur Friedhelm Greis.
Lors d'un dernier cycle de négociations de 16 heures, les représentants du Parlement européen et des États membres de l'UE se sont mis d'accord sur de nouvelles règles pour les entreprises Internet dans l'UE. "En vertu des nouvelles règles, les services intermédiaires - en particulier les plateformes en ligne telles que les médias sociaux et les places de marché - devront prendre des mesures pour protéger leurs utilisateurs contre les contenus, les biens et les services illégaux", a annoncé la commission du marché intérieur compétente du Parlement européen dans la nuit du 23 avril 2022.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a qualifié l'accord sur Twitter d'"historique" et a ajouté : "Nos nouvelles règles protégeront les utilisateurs en ligne, garantiront la liberté d'expression et ouvriront de nouvelles possibilités aux entreprises. Ce qui est illégal hors ligne sera effectivement illégal en ligne dans l'UE". Il s'agit d'un signal fort pour les personnes, les entreprises et les pays du monde entier, a-t-il ajouté.
Mélange de directive sur le commerce électronique et de loi sur le net
La Commission européenne aprésenté la proposition de loi sur les services numériques (Digital Services Act/DSA)en décembre 2020. Avec la loi sur les marchés numériques (Digital Markets Act/DMA), la DSA constitue une sorte de loi fondamentale pour l'Internet en Europe. Le Parlement et les États membres se sont mis d'accord sur les règles relatives à la DMA dès mars 2022.
La DSA est une sorte de mélange entre l'ancienne directive sur le commerce électronique et la loi allemande sur l'application des réseaux (NetzDG). Le règlement prévu perpétue des principes importants de l'économie Internet. En font partie le privilège de responsabilité pour les fournisseurs d'hébergement, le principe du pays d'origine et l'interdiction d'une obligation générale de surveillance. Elle règle en outre le traitement des contenus illégaux et les obligations des grandes plateformes Internet.
La publicité personnalisée est limitée
Dans de nombreux domaines, le règlement de l'UE va donc nettement plus loin que la NetzDG. "La publicité personnalisée pour les mineurs et l'utilisation de données sensibles seront interdites", a déclaré l'eurodéputé Martin Schirdewan à l'issue des négociations. C'est un grand succès pour la protection des utilisateurs, "même si une interdiction complète de la publicité personnalisée serait souhaitable".
L'eurodéputé Patrick Breyer est toutefois plus critique à l'égard de l'accord. Selon lui, l'interdiction d'utiliser des caractéristiques sensibles de la personnalité, telles que les opinions politiques, les maladies ou les préférences sexuelles d'un utilisateur, à des fins de manipulation et de sollicitation ciblées, a été "fortement édulcorée". Le politicien pirate a déclaré : "Les nouvelles règles sur la publicité personnelle s'appliqueront à toutes les plates-formes en ligne avec des contenus d'utilisateurs comme Facebook, Instagram ou eBay, mais pas aux portails Internet avec des contenus créés par les utilisateurs eux-mêmes, comme les sites d'information".
Pas d'obligation de vérification pour les téléchargeurs de pornographie
Selon Schirdewan, le DSA ouvre "la boîte noire des algorithmes des plateformes en ligne" en imposant des obligations de transparence étendues.
Les négociateurs se sont également mis d'accord sur le fait que les grands groupes informatiques devront à l'avenir payer une taxe de surveillance. Cela devrait permettre de financer l'application de la réglementation par les autorités de surveillance.
En outre, un passage sur les "dark patterns" a été intégré dans le DSA. Ces "dark patterns" doivent inciter les utilisateurs à donner leur accord ou à conclure des contrats sans le vouloir. Mais les États membres ont fini par limiter fortement le champ d'application de la proposition "sous des prétextes administratifs", a déclaré M. Schirdewan.
L'eurodéputé a également regretté qu'une exception ait été intégrée pour les entreprises de taille moyenne. "C'est une erreur. En raison du grand nombre d'entreprises couvertes par cette définition dans le secteur numérique, l'exception ressemble à une échappatoire", a critiqué Schirdewan.
Une exigence du Parlement européen a également été supprimée, selon laquelle les fournisseurs de portails pornographiques dans l'UE devraient être obligés de vérifier les téléchargements des utilisateurs. De nouvelles obligations de suppression pour les moteurs de recherche, qui avaient été récemment discutées, n'ont pas non plus été intégrées dans le DSA.
Breyer : pas de loi fondamentale pour l'Internet
Selon Breyer, le DSA ne mérite pas le titre de "loi fondamentale numérique". "Notre vie privée en ligne n'est protégée ni par un droit à l'utilisation anonyme d'Internet, ni par un droit au cryptage, ni par une interdiction de la conservation des données, ni par un droit de refuser la publicité de surveillance dans le navigateur (Do not track). (...) Les intérêts industriels et gouvernementaux ont malheureusement prévalu sur les droits civils numériques", a déclaré le défenseur des droits civils.
Le texte exact de l'accord n'est pas encore disponible. Selon le Parlement européen, le texte doit d'abord être finalisé au niveau technique et vérifié par des juristes-linguistes avant que le Parlement et le Conseil ne donnent leur accord formel. Une fois ce processus achevé, il entrera en vigueur 20 jours après sa publication au Journal officiel de l'UE. Les règles devraient entrer en vigueur 15 mois plus tard. Cela pourrait alors être le cas à l'automne 2023.
Titelbild: Shutterstock

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