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Méditer pendant 10 jours et améliorer ses talents de photographe

Denny Phan
15/5/2017

J’ai passé 10 jours en Birmanie, pendant lesquels je n’ai fait rien d’autre que de méditer. Je vous raconte ci-dessous ce que j’ai appris, et comment cette expérience s’est reflétée dans mes photographies.

Je rêvais depuis longtemps de me rendre en Birmanie (aussi appelée Myanmar). Ses habitants sont adorables et curieux, et ce pays chargé d’histoire offre certains des plus beaux paysages de l’Asie du Sud-Est.

Avant d’immortaliser ces fameux espaces et ceux qui les peuplent, j’ai rangé mon appareil photo durant dix jours et entamé un nouveau projet qui s’avérerait être mon plus grand défi jusqu’alors: une retraite de méditation vipassana durant laquelle j’en apprendrais énormément sur moi-même et sur mon activité de photographe.

Quoi de plus beau que de se lever tôt et d’admirer la montée des montgolfières alors que le soleil se lève sur la ville de Bagan et ses 7000 pagodes?

Vous vous demandez sûrement ce qui relie la méditation et la photographie. Eh bien… elles ont plus d’aspects en commun que ce qu’on pourrait penser. Assis sur d’inconfortables coussins de méditation, j’ai réfléchi un peu à la photographie et remarqué que certains principes de base et leçons de la méditation peuvent aussi s’y appliquer.

J’aimerais vous expliquer ces similitudes et apporter une nouvelle perspective à vos images. J’explique en outre à la fin de mon article ce que cela fait d’entraîner fessier et esprit dans un centre de méditation durant dix jours.

Yangon, la plus grande ville du pays, ses temples centenaires, ses rues animées et ses lumières nocturnes.

1. Prenez le temps de faire des photos et de méditer

On peut vite avoir l’impression de n’avoir aucun moment à consacrer à la photographie, surtout lorsqu’on travaille. Cela me fait penser à l’un des proverbes liés à la méditation:

Méditez 20 minutes au quotidien. Si vous êtes débordé et n’avez pas le temps de le faire, méditez pendant une heure.

J’aimerais simplement vous encourager à prendre le temps de photographier, car cela peut vous détendre tout autant que la méditation. Avant mon tour du monde, j’ai souvent pris des photos en me rendant au travail afin de ne pas perdre la main. Je vous conseille de prendre l’habitude d’avoir toujours votre appareil sur vous. Vous n’aurez plus d’excuses!

2. L’essentiel est d’être discipliné

Demandez à n’importe quel photographe la recette de son succès, et il vous répondra sans aucun doute qu’une bonne discipline est essentielle.

Lors de mes méditations, j’ai surtout tenté de discipliner mon esprit. Les premières démangeaisons se font sentir rapidement, puis des douleurs apparaissent dans les articulations, avant de se propager dans tout le corps. Il s’agit alors de rester maître de soi et de ne pas bouger d’un cil.

Le cerveau s’épuise, manque de distractions et aimerait bien mieux imaginer un plat succulent, mais être discipliné signifie également rediriger fermement son esprit vers la méditation.

La discipline est l’un des plus hauts commandements de la méditation. Les photographes, même amateurs, devraient en prendre de la graine. En effet, c’est elle qui transforme les clichés vite faits des images qui transcendent leur sujet.

3. Trouvez des regards critiques

Nous n’avions pas le droit de communiquer entre nous durant ces dix jours. Aucun chuchotement, signe, contact visuel, ABSOLUMENT RIEN! Le grand étudiant derrière moi m’a donné deux fois des coups de pieds dans le dos, mais il n’a ouvert la bouche qu’à la fin de la retraite: «Hey, my name is Roy. By the way, I’m sorry for kicking you in the back... like twice...» («Salut, moi c’est Roy. Désolé de t’avoir donné un coup de pied dans le dos… deux fois, en plus.»

Lorsqu’un photographe demande à ses amis ou sa famille de lui dire ce qu’ils pensent de ses photographies, il a souvent l’impression qu’ils ont eux aussi fait voeu de silence. Si les compliments fusent généralement, et la plupart du temps en toute sincérité, on reçoit rarement des critiques constructives.

Je vous fais la proposition suivante: choisissez deux amis, l’un ayant des connaissances en photographie, l’autre pas du tout. Dites à vos deux critiques que vous aimeriez vraiment vous améliorer et que vous leur demanderez de temps en temps de vous donner des retours honnêtes.

Le connaisseur se basera sur les critères suivants: quels sont les éléments positifs? Qu’est-ce qui pourrait être amélioré? Les images sont-elles créatives? Qu’en est-il des aspects techniques?

Vous ne demanderez à votre autre ami que sa première impression. Montrez-lui vos photos et demandez-lui d’exprimer librement ce qui lui vient à l’esprit. Selon moi, cela vous donnera une bonne idée de l’effet que font vos images.

4. Trouvez un maître

Je connaissais les effets positifs de la méditation depuis quelques années, et j’avais envie de tenter l’expérience. Si quelques vidéos sur YouTube et d’autres ouvrages m’ont apporté des connaissances théoriques et permis de bien comprendre la matière, j’avais besoin d’une composante interactive. Il me fallait partager mes nombreux questionnements.

Ce n’est qu’au terme de ces dix jours d’enseignements et de pratiques que ma courbe d’apprentissage a nettement augmenté.

Jusque là, j’avais acquis une grande partie de mes connaissances photographiques à travers des livres et des vidéos explicatives. Avec Internet, n’importe qui peut s’instruire par lui-même, mais je pense que les plus grands progrès se font inévitablement au contact d’un maître.

Pendant mon voyage, j’ai eu l’occasion de discuter avec quelques photographes débutants et de leur transmettre mon savoir en matière d’ISO, d’ouverture et de vitesse d’obturation s’ils le souhaitaient. La plupart ont compris en quelques minutes, alors qu’il m’a fallu bien plus de temps à apprendre en autodidacte.

Il vaut donc mieux participer de temps en temps à un cours de photographie et échanger entre passionnés.

Dix jours de méditation

Il m’est difficile de décrire le tumulte émotionnel que j’ai vécu durant ces dix jours, mais je vais tout de même tenter l’exercice, en suivant un ordre chronologique.

Jour 1

Il est 4h précises. Un gong, tout d’abord lointain puis soudain très proche, retentit. J’ai de la peine à plier mon dos meurtri par mon sac à dos et à me lever, mais la perspective de vivre ma première journée me met en mouvement. Je me dirige vers la place qui m’a été assignée et j’essaie de calmer mon esprit pour entrer en méditation. Il s’agit de se concentrer sur sa respiration. Mais mes pensées se dirigent vers mes voisins. Devant moi se trouve un vieux Birman certainement plus habitué que moi à rester assis de longues heures en tailleur. Mes origines vietnamiennes ne me sont malheureusement pas d’une grande aide. À ma gauche, un autre Birman. Celui-ci semble avoir mon âge et s’est déjà profondément rendormi. À ma droite, un Occidental dont la posture est exemplaire… Frimeur, va!

Jour 2

Oh mon Dieu... plus que 9 JOURS!!! (me dis-je en riant hystériquement...)

Jour 3

Ouh la… C’est plus dur que ce que je pensais. Nous en sommes toujours à nous concentrer sur notre respiration. C’est à peine croyable: quelques secondes après avoir fermé les yeux, je commence à me remémorer des souvenirs gênants de mon enfance. Les bruits ambiants sont aussi source de distractions. Rots sonores d’une participante, éternuements ou autres ronflements à faire trembler les murs… Rien ne m’est épargné. Mais la salle de méditation est dotée d’un bon système de ventilation et de climatisation, du moins c’est ce que je pensais avant qu’une coupure de courant ne se produise au bout de dix minutes et ne nous laisse méditer 5 heures durant sous une chaleur écrasante.

Jour 4

«Je suis photographe, sortez-moi de là!» Malheureusement, tout le monde s’en fiche. Et rien ne m’interdit de sortir de la salle de méditation si je le souhaite.

Jour 5

Les longues heures passées assis se font sentir. Le baume du tigre est devenu mon meilleur ami. Il ne part pas même lorsque je me lave les mains, et laissez-moi vous dire qu’il vaut mieux se rappeler ce détail quand on se rend aux toilettes… Au moins, courir sous la douche froide pour soulager mes irritations m’a aidée à me tenir éveillée.

La salle de méditation vue depuis l’extérieur.

Jour 6

Question purement hypothétique: «Laisseriez-vous une famille d’oiseaux bruyants faire leur nid juste à côté de votre salle de méditation?» Non? C’est bien ce qu'il me semblait. Visiblement, les Birmans ne partagent pas notre avis. Je n’avais encore jamais ressenti aussi fort les émotions d’un oiseau!

Jour 7

Petit changement de programme. Nous pouvons à présent passer du temps dans une cellule de 1,5 m2 et porter notre attention non seulement sur notre respiration, mais aussi sur toutes nos sensations.

Jour 8

Ma pire journée. Mes émotions sont passées d’un extrême à l’autre. Au moins, rester assis sous les cris incessants de ma famille d’oiseaux préférée ne me pose plus aucun problème.

Jour 9

Le neuvième jour est le dernier jour de méditation complète. Mes pensées sont bien plus claires, mes douleurs ont disparu et je maîtrise mon envie folle de quitter la salle de méditation en hurlant.

Jour 10

Après une séance matinale et le petit-déjeuner, l’interdiction de parler est levée, et nous entamons de vifs échanges. C'est un moment particulièrement intéressant. Je m’étais déjà fait une impression de mes camarades en me basant uniquement sur leur langage corporel et leurs habits.

Le dortoir et mon lit ultra confortable.

Vous pouvez sans doute vous imaginer maintenant à quel point cette retraite a pu être intense et frustrante par moment. Mais je suis très content de l’avoir faite. Mes pensées ont rarement été aussi claires qu’après ces dix jours, sans parler de la joie avec laquelle j’ai retrouvé mon appareil photo, fort de nouvelles connaissances.

J’espère que cette manière inusitée d’aborder la photographie vous a plu. Avez-vous déjà fait de la méditation? Ou d’autres domaines vous ont-ils aidé à être meilleur photographe? N’hésitez pas à les partager dans les commentaires.

Et n’oubliez pas:

Photographiez au moins 20 minutes par jour. Si vous êtes débordé et n’avez pas de temps à y consacrer, faites-le pendant une heure 😀

Retrouvez plus d'infos sur moi ici www.35waves.com/

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Denny Phan
Senior Category Buying Manager & AS
denny.phan@digitecgalaxus.ch

Mon appareil photo dans une main et un billet d'avion dans l'autre. Voilà à quoi ressemble ma situation idéale.

Vous trouverez plus d'infos sur ma photographie sur <a href="https://www.instagram.com/35waves/" target="_blank">Instagram</a> ou mon <a href="https://www.35waves.com/"
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