Test de produit

Oxocard : apprendre à coder sur un mini-ordinateur suisse

David Lee
31/1/2023
Traduction: Sophie Boissonneau

De la taille d’une carte de crédit, le mini-ordinateur permet d’y charger et exécuter vos propres programmes ou un des modèles fournis avec l’appareil. Le mini-ordinateur peut ainsi devenir une mini-console de jeu, un instrument de mesure ou tout ce que vous déciderez. Lors de mon test, c’est le modèle le plus cher qui m’a le plus séduit.

Les Oxocards sont des cartes de développement, un peu comme des mini-ordinateurs programmables. Elles ont été inventées par une petite entreprise suisse installée dans le canton de Berne, Oxon AG. Les Oxocard sont avant tout destinées à l’apprentissage de la programmation. Il en existe quatre modèles différents. Je ne parlerai pas de l’Oxocard Blockly, car c’est un modèle destiné aux enfants à partir de 10 ans. Les trois autres modèles, dont il est question ici, sont quant à eux recommandés à partir de 14 ans et permettent d’écrire et d’exécuter des programmes complexes. Ils conviendront ainsi aussi aux adultes.

Les Oxocard Science, Galaxy et Artwork font la taille d’une carte de crédit et sont baptisées Oxocard Mini. Elles disposent d’un écran carré de 240 × 240 pixels et de 2,5 centimètres de côté. On y trouve également cinq touches ; quatre touches directionnelles et une touche centrale. Les cartes sont alimentées via un port USB qui se trouve sur la face inférieure.

Fort heureusement, la partie programmation ne s’effectue pas directement sur les Oxocardsl elles-mêmes, mais dans un éditeur web. Vous pouvez donc utiliser votre ordinateur portable ou votre PC et connecter les cartes à l’éditeur via WiFi. Les programmes peuvent être transférés depuis l’éditeur et exécutés sur l’Oxocard à tout moment. Si vous n’avez pas accès au WiFi, vous pouvez également brancher l’Oxocard à l’aide du câble USB. Il vous faudra cependant installer un pilote sur l’ordinateur et vous ne pourrez pas mettre l’Oxocard à jour sans WiFi.

Pourquoi aurais-je besoin d’un appareil spécial ?

Je me demande en premier lieu pourquoi j’aurais besoin d’une carte si je code de toute façon sur mon ordinateur normal ? Ne serait-ce pas plus agréable de faire tourner les programmes sur mon ordinateur ? D’autant plus que j’ai un écran 4K.

Mais je comprends rapidement les avantages de l’Oxocard. Premièrement, les programmes peuvent être enregistrés de manière permanente sur la carte afin de fonctionner indépendamment de l’éditeur. Ainsi, si l’on code des jeux, l’Oxocard peut faire office de mini console portable.

Et deuxièmement, les trois mini-ordinateurs sont dotés d’un accéléromètre, ce qui permet de programmer des jeux d’adresse qui ne fonctionneraient pas sur un PC.

Une des trois cartes, l’Oxocard Science, dispose même de plusieurs capteurs supplémentaires pour mesurer la température, la pression atmosphérique, l’humidité, la teneur en CO2, l’intensité lumineuse et infrarouge, le niveau sonore et la fréquence sonore dominante.

Ce programme vous indique s’il est nécessaire d’aérer la pièce à l’aide de diverses données de mesure.
Ce programme vous indique s’il est nécessaire d’aérer la pièce à l’aide de diverses données de mesure.
Source : David Lee

Démarrage de l’Oxocard

Le fabricant m’a fourni une batterie appelée Oxocharger et un câble USB Gooseneck. Le câble est particulièrement pratique, on peut lui donner la forme qu’on souhaite et il garde cette position – un peu comme le bras d’une lampe de lecture. La batterie est suffisamment lourde pour que le mini-ordinateur reste en suspension au bout du câble USB. L’Oxocard consomme très peu d’énergie, ce qui permet à la batterie de durer plusieurs jours.

Oxocard, câble gooseneck et batterie.
Oxocard, câble gooseneck et batterie.
Source : David Lee

L’appareil se connecte au réseau domestique en deux étapes. Il faut d’abord scanner un code QR sur l’écran du mini-ordinateur, afin d’établir une connexion WiFi directe, puis transmettre le mot de passe à l’Oxocard. Le mini-ordinateur se connecte alors à votre réseau local sans fil et télécharge les mises à jour du micrologiciel si nécessaire.

Vous pouvez ensuite ouvrir l’éditeur web et le connecter à la carte. Pour ce faire, il vous faut saisir le code à trois chiffres affiché sur l’écran. Il suffit de le faire une seule fois, ou une fois par Oxocard si vous en avez plusieurs.

De nombreux programmes modèles

L’éditeur vous donne accès à de nombreux exemples de programmes que vous pouvez exécuter en un seul clic. Il s’agit ensuite de modifier ces programmes et de comprendre à quoi servent les différentes commandes et valeurs pour apprendre à coder. De nombreux programmes, surtout les plus basiques, sont, en outre, accompagnés d’un tutoriel expliquant le programme étape par étape.

Le code est écrit en Oxoscript, un langage de programmation créé par Oxon pour les Oxocards. L’Oxoscript est fortement inspiré du Python, vous n’aurez donc pas de mal à basculer vers le Python ensuite. Ce dernier est cependant un langage trop gourmand pour les Oxocards.

Je trouve les modèles de programmes très réussis. Le thème difficile à appréhender, mais non moins important des nombres aléatoires est, par exemple, représenté avec de jolis cercles et le programme reste très simple avec seulement sept lignes.

Cet exemple simple, mais joli, illustre les nombres aléatoires.
Cet exemple simple, mais joli, illustre les nombres aléatoires.
Source : David Lee

Outre les exercices de base, les trois Oxocards disposent de modèles de programmes supplémentaires. L’Oxocard Galaxy est axée sur les jeux et contient, outre de nombreuses démos, trois classiques du jeu : Asteroids, Lunar Lander et Miner. L’Oxocard Artwork lui ressemble beaucoup, mais se concentre sur les effets graphiques. Quant à l’Oxocard Science, elle fournit des exemples de ce que vous pouvez faire des données mesurées par ses capteurs. Il y a notamment un programme vous indiquant si la pièce à besoin d’être aérée en fonction des valeurs mesurées par ces capteurs. Un autre programme vous montre si vos fleurs sont heureuses, c’est-à-dire si la luminosité est bonne, en affichant une fleur avec un visage souriant ou non.

Capteur en partie recouvert par ma main : la plante est malheureuse.
Capteur en partie recouvert par ma main : la plante est malheureuse.
Source : David Lee
Capteur directement sous une lampe LED : la plante est heureuse.
Capteur directement sous une lampe LED : la plante est heureuse.
Source : David Lee

En principe, l’ensemble des programmes sont exécutables sur toutes les Oxocard. Il est donc aussi possible de modifier et de jouer à Asteroids sur le modèle Science. Vous n’aurez, en revanche, pas de son, car le modèle Science est le seul à ne pas disposer d’un haut-parleur. En contrepartie, les programmes exploitant les données mesurées par les capteurs de l’Oxocard Science ne fonctionnent que sur cette dernière.

Les premiers succès ne se font pas attendre

Bien que je ne sois pas très familier du Python, je fais rapidement des progrès, bien plus rapidement que lorsque j’essaie de coder en Basic sur mon C64. Le Python, ou plutôt l’Oxoscript, est un langage de programmation moderne permettant de définir ses propres fonctions et objets. Grâce aux nombreux programmes modèles, je ne dois presque jamais partir de zéro. De plus, la documentation livrée avec les cartes est très instructive. Lorsque j’ai oublié comment faire une boucle for en Python/Oxoscript, il me suffit de faire une recherche dans l’éditeur.

Enfin, le mini-ordinateur est doté d’une chip moderne, l’ESP32 avec 2 MB de RAM, conçue spécialement pour les cartes de développement. Ses performances suffisent amplement pour faire tourner des programmes simples. Il faut environ une seconde pour transférer un programme sur la carte et l’exécuter.

À l’aide des modèles et de la documentation, il ne m’a pas fallu plus de 30 minutes pour écrire un script qui affiche le volume sonore ambiant. Et je ne me contente pas d’afficher la valeur actuelle, qui est très aléatoire, mais je fais la moyenne des dix dernières mesures.

Vite fait, bien fait : un petit programme pour afficher le volume sonore.
Vite fait, bien fait : un petit programme pour afficher le volume sonore.
Source : Capture d’écran : David Lee

Les Oxocard ont toutefois aussi leurs limites. J’ai, par exemple, essayé de programmer un accordeur de guitare. Et pour cause, l’Oxocard Science peut mesurer la fréquence dominante grâce au microphone intégré. La valeur n’est toutefois calculée qu’à 125 Hz près, ce qui n’est pas assez précis pour un accordeur.

J’ai également fini par abandonner mes tentatives de programmer un morceau de musique. Certes, les modèles Galaxy et Artwork permettent de jouer des sons individuels en plus de cinq effets sonores prédéfinis, permettant ainsi de créer une mélodie. Mais toute polyphonie reste hors de portée et le son a tendance à s’emballer très vite. L’appareil s’est également bloqué à plusieurs reprises pendant la sortie du son. Bref, si le son et la musique sont importants pour vous, évitez les Oxocard.

Point faible : l’écran

L’écran est un peu petit pour jouer. Et ce, particulièrement lorsque les personnages doivent se déplacer rapidement. Ils doivent, en effet, avoir une certaine taille pour qu’on puisse les reconnaître et les distinguer du reste, mais occupent rapidement une grande partie de l’écran. Le jeu Asteroids en est un très bon exemple : lorsque les astéroïdes apparaissent à l’écran, ils sont déjà tout proches du vaisseau. Le jeu doit donc tourner lentement pour être jouable et est moins amusant que la version originale de 1979, malgré de meilleurs graphismes.

Mais on peut aussi voir ça comme un défi et essayer de créer un jeu avec un bon gameplay sur un tout petit écran. Frogger fait partie des autres jeux classiques fournis et en est un bon exemple. Le jeu est parfaitement jouable même sur le petit écran de l’Oxocard. On a, bien entendu, accès au code source du jeu.

Frogger reste un très bon jeu sur l’Oxocard.
Frogger reste un très bon jeu sur l’Oxocard.
Source : David Lee

Verdict : une méthode rapide et ludique pour apprendre à coder

Il existe de nombreuses cartes de développement, dont les plus connues sont probablement l’Arduino et le Raspberry Pi. Mais l’Oxocard, avec son propre écran, ses touches et ses divers capteurs, est un système complet. Les modèles Oxocards ne sont, certes, pas aussi performants qu’un Raspberry Pi, mais ils sont plus faciles à aborder. Les Oxocards vous donnent tout ce dont vous avez besoin, y compris des modèles de programmes utiles et, pour certains, expliqués en détail. Je trouve cela très réussi.

Indépendamment de l’âge, les personnes qui aiment programmer devraient y trouver leur compte. Le modèle Science est clairement le plus intéressant pour les adultes. Grâce à ses capteurs, il a le potentiel pour des applications utiles qui vont au-delà de simples gadgets. Son seul point faible, c’est qu’il n’a pas de haut-parleur. On ne peut donc pas programmer un avertissement sonore lorsqu’une valeur mesurée ne rentre pas dans la plage donnée.

Les deux autres cartes, Galaxy et Artwork, disposent d’une sortie sonore, mais n’ont pas d’autre avantage, mis à part leur prix. D’autant plus que l’Oxocard Science permet également de modifier et tester leurs modèles et qu’elle ne pâtit pas tant que ça de l’absence de haut-parleur, qui est de toute manière assez limité sur les autres modèles. Je recommanderais donc plutôt l’Oxocard Science aux adultes qui souhaitent s’essayer à la programmation, ainsi que le très pratique câble USB Gooseneck.

Photo de couverture : David Lee

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Mon intéret pour l'informatique et l'écriture m'a mené relativement tôt (2000) au journalisme technique. Comment utiliser la technologie sans se faire soi-même utiliser m'intéresse. Dans mon temps libre, j'aime faire de la musique où je compense mon talent moyen avec une passion immense. 


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