
En coulisse
Bureaux de la communauté, partie 7 : le bureau d’Andy, différent
par David Lee
Un objet ne perd pas tout de suite son aspect impersonnel, l'adopter complètement prend du temps. Ce principe s'applique d'ailleurs aussi au domaine en constante évolution de l'électronique. J'utilise encore énormément mon vieil appareil photo, aussi vieux et cassé soit-il. Ce sont justement ses signes de vieillesse qui lui donnent une valeur émotionnelle toute particulière.
«Ich heisse Vigolette alt. Ich bin ein Zwerg. Ich bin acht Zentimeter gross und aus Gummi. Hinten, so etwa im Kreuz, hatte ich einmal ein rundes Etwas aus Metall, und wenn mir jemand, ein Mensch mit seinen Riesenkräften, auf den Gummibauch drückte, pfiff es. Pfiff ich. Das Metallding ist aber längst von mir gefallen, und ich pfeife nicht mehr. Die Menschen – die Kinder der Menschen vor allem – denken, ich sei ein Spielzeug. Ein Spielzwerg. Sie haben recht, aber sie kennen nur die halbe Wahrheit.»
Le roman « Ein Leben als Zwerg » d'Urs Widmer commence par ces quelques lignes. L'auteur raconte l'histoire d'un nain qui accompagne son propriétaire de l'enfance à l'âge adulte. Ce dernier joue avec lui puis, quelques années plus tard, le met dans la poche de son pantalon et l'emmène parcourir le monde. Le nain finit par se poser sur une étagère et observer son propriétaire lorsqu'il pianote sur un clavier d'ordinateur. Au fil du temps, tous deux vieillissent et deviennent fragiles.
Mon nain à moi, c'est le Sony RX100 III. Il ne m'accompagne certes que depuis cinq ans, mais c'est long pour un appareil photo compact. Il a déjà plus de traces d'usure que moi !
Il m'a accompagné lors d'innombrables randonnées, promenades et excursions, en Corse, à Strasbourg, à Dijon, à Nuremberg et à Lisbonne, lors d'un tour à vélo de huit jours en Allemagne, aux Canaries, alors que j'étais soûl dans un bowling et sobre dans une réserve naturelle catalane... Beau temps, mauvais temps, il a toujours su immortaliser de précieux moments de vie.
Cette année, mon appareil photo s'est mis à flancher. Son boîtier est tordu, et le viseur ne sort plus de lui-même sans un petit coup de main. Les lamelles de l'objectif ne s'ouvrent plus tout à fait. À chaque fois que je l'allume, je dois tapoter dessus pour qu'elles se déploient. L'écran a perdu sa couche antireflet ; je ne vois presque plus rien lorsque le soleil brille. Et le caoutchouc censé protéger les connecteurs a disparu.
Malgré cela, j'utilise mon chouchou comme jamais auparavant. J'ai envisagé de le remplacer, mais vu le prix de la nouvelle version, j'aurais toujours peur de le casser. Au moins, avec mon vieux modèle, je n'ai aucune crainte !
Ce qui m'importe, c'est le plaisir qu'il me procure malgré tout.
J'ai déjà pris quelques belles photos avec mon RX100 cette année, et je suis très heureux d'avoir pu en obtenir de si bonnes avec un appareil en pareil état.
Mon appareil photo est certes un peu embêtant à manipuler avec tous ses éléments cassés, mais à force de l'utiliser, je sais exactement comment le régler pour en tirer les meilleures images. Par exemple, je sais que l'objectif est très net au mode grand-angle, mais pas au mode téléobjectif. Je prends donc le plus de paysages possible au mode grand-angle.
Soyons honnêtes, je ne fais que tenter d'expliquer un attachement purement émotionnel. J'aime mon RX100 parce qu'il est devenu MON appareil au fil du temps. Au départ, ce n'était qu'un produit parmi d'autres. Maintenant, il est unique. Aucun autre ne lui arrive à la cheville.
Quand j'étais jeune, je n'étais pas aussi sentimental. Je pensais que les vieux objets étaient bons pour la poubelle. Aujourd'hui, j'aime l'idée de pouvoir continuer à les utiliser, et même d'obtenir de bons résultats !
Je sais que ça ne durera pas éternellement. Tout a une fin. Peut-être que mon appareil photo finira sur une étagère, comme le nain d'Urs Widmer. Au moins, il sera toujours là pour me rappeler de bons souvenirs.
Mon intéret pour l'informatique et l'écriture m'a mené relativement tôt (2000) au journalisme technique. Comment utiliser la technologie sans se faire soi-même utiliser m'intéresse. Dans mon temps libre, j'aime faire de la musique où je compense mon talent moyen avec une passion immense.