

Trois semaines avant le semi-marathon : je teste les chaussures minimalistes

Les chaussures rembourrées n’ont jamais été mon truc. J’aime bien la devise « moins, c’est plus ». J’ai donc soumis les chaussures de trail running minimalistes de Xero Shoes à un premier essai.
Au cours des trois semaines qui me restent avant le semi-marathon de Hallwilersee du 14 octobre, j’affine mon entraînement. Je veux améliorer mon style de course et pour cela, j’ai recours aux chaussures minimalistes « Mesa Trail II ». Je ne vais évidemment pas courir 21 kilomètres avec, mais je veux savoir si elles conviennent comme outil d’entraînement pour des courses décontractées de temps en temps.
Comme la marche pieds nus est un sujet qui tourne dans ma tête depuis un moment, je commence par vous présenter mes quelques recherches contextuelles. Si vous voulez directement savoir comment les chaussures Mesa Trail II se comportent à mes pieds, vous pouvez faire défiler la page jusqu’au test du produit. Juste une chose : Xero Shoes et les auteurs de Born to Run ont conclu un partenariat il y a à peine six mois. Après des mois d’essais et de courses avec les chaussures Xero, l’entraîneur de course Eric Orton et le coureur passionné et journaliste Christopher McDougall ont estimé que cette chaussure leur convenait et correspondait à leur philosophie de course. Mon coup d’œil vers le passé n’est donc pas si innocent que cela.

Une excursion au Mexique et un peu d’histoire de la course pieds nus
Cela fait presque quinze ans que Christopher McDougall a conquis mon cœur de coureuse et celui de beaucoup d’autres avec son livre Born to Run.
J’ai trouvé de l’inspiration dans l’histoire du peuple Tarahumara, aussi appelé Raramuri. Les coureurs et coureuses de ce groupe de population indigène de la Sierra Madre Occidentale, une chaîne de montagnes à l’ouest du Mexique, ont réalisé des performances d’endurance invraisemblables dans des sandales faites à la main avec du fil et du caoutchouc. Les histoires et les aventures de Christopher McDougall et du coach de course Eric Orton ne me fascinent pas moins. Avec un groupe de course tant sauvage que divers, les deux hommes ont couru dans la chaleur torride du Copper Canyon, dans une région aride du Mexique qui serait dominée par les cartels de la drogue.
Le livre a galvanisé toute ma génération de course à pied et est rapidement devenu un best-seller du New York Times. Dès lors, moins, c’était plus. Au lieu de porter des chaussures de course de marques connues, beaucoup, dont moi, ont commencé à porter des chaussures minimalistes. Les Vibram FiveFingers étaient particulièrement appréciées. J’alterne régulièrement entre mes trois paires.
La pendule oscille d’avant en arrière
Comme presque chaque mouvement déclenche un mouvement contraire, la tendance « pieds nus » n’a pas duré longtemps. Les chaussures de course avec un rembourrage épais, une grande stabilité et beaucoup de soutien pour le pied sont devenues la norme. Des marques comme Hoka, Adidas et On ont désormais recours à une semelle très épaisse pour certains de leurs modèles.
Aujourd’hui, fidèlement au principe de va-et-vient de la pendule, c’est au tour des chaussures pieds nus de redevenir à la mode. Le fait que le livre Born to Run 2 soit paru il y a quelques mois souligne cette tendance.

Born to Run 2: The Ultimate Training Guide
Anglais, Eric Orton, Christopher McDougall, 2022
Comme tant de sujets, la course nu-pieds est teintée de controverse. Pour certaines personnes, c’est le nec plus ultra d’un style de course naturel, sain, rapide et sans blessure et pour d’autres, c’est un moyen sûr de détruire tendons, ligaments et articulations. Les scientifiques non plus ne parlent pas d’une seule voix au sujet des pieds nus dans des cultures où la norme est de porter des chaussures. La prévention de blessures, parmi beaucoup d’éléments, dépend de l’habitude qu’ont les athlètes de marcher nu-pieds au quotidien et de la force du pied, des muscles, des ligaments et des tendons correspondants.
L’important est de prendre son pied (surtout l’avant)
J’aime marcher pieds nus ou en Skinners. Depuis peu, je complémente ma préparation avec le Blackboard. Pour que mes pieds renforcés par mes semaines d’entraînement puissent lentement évoluer d’une coureuse de talons à une coureuse d’avant-pieds, je fais régulièrement mon jogging avec des chaussures pieds nus. En raison de l’absence de rembourrage au niveau du talon, les chaussures barefoot incitent à marcher plutôt sur le milieu ou l’avant du pied. En effet, si le talon atterrit sur un sol dur sans rembourrage, cela devient vite douloureux. Avec des chaussures minimalistes, j’ai un retour physique direct sur mon style de course, sans aucune technologie coûteuse.

Source : Siri Schubert
Les chaussures minimalistes et les chaussures pieds nus ont quelques caractéristiques distinctives. Elles disposent généralement d’une boîte à orteils plus large, qui permet aux doigts de pied de bouger et au pied lui-même d’avoir une surface de travail plus importante, ce qui contribue à développer un bon équilibre. De plus, les chaussures sont très souples et n’offrent pas de soutien à la voûte plantaire. La semelle est plate, sans « drop » entre le talon et l’avant-pied.
Le test : entraînement avec les Mesa Trail II de Xero Shoes
Porter une chaussure pieds nus en montagne n’est pas une décision à prendre à la légère. Si l’on se casse la cheville, il peut être nécessaire d’appeler les secours. C’est pourquoi je teste d’abord les Mesa Trail II en faisant du jogging sur des chemins agricoles, des sentiers forestiers et des chemins recouverts de copeaux de bois.
Dès le premier instant, j’ai apprécié la sensation de légèreté et de naturel que procure cette chaussure. Avec ses 215 grammes mesurés sur ma balance de cuisine pour une pointure 39, elle n’est certes pas super légère, mais son poids reste dans la fourchette basse des chaussures de course. Comme elle est solidement construite et qu’elle présente un profil de 3,5 millimètres et une protection contre les pierres au niveau des orteils, son poids est tout à fait acceptable. Ce qui est important pour moi, c’est la boîte à orteils large, car, si mes pieds larges sont comprimés, peu importe la qualité de la chaussure sous d’autres aspects, je ne peux pas marcher avec.

Source : Siri Schubert
Souple et légèrement rembourrée
La Mesa Trail II dispose d’une semelle intérieure amovible, que je laisse en place pour les premiers essais, mais que j’enlève ensuite sans ressentir de réelle différence. De plus, la chaussure de trail running est équipée d’une semelle intermédiaire de quelques millimètres d’épaisseur afin de fournir un minimum d’amorti, notamment pour la course en descente. Même avec les quelque neuf millimètres de rembourrage au total (semelle extérieure, semelle intermédiaire et semelle intérieure amovible), je sens bien le sol. La sensation précise des pierres, des racines et des autres aspérités augmente la perception de soi et donc l’équilibre. Ça me plaît. Comme je retombe à plat sur le sol avec la chaussure assez large, j’ai l’impression que le risque de me tordre la cheville est moins important qu’avec des chaussures à rembourrage plus épais au niveau des talons.
L’intérieur de la chaussure est légèrement rembourré au niveau du talon et de la languette, ce qui évite les frottements et la formation d’ampoules. Des bandes de caoutchouc renforcées sur les côtés au niveau du métatarse offrent un soutien supplémentaire aux pieds. C’est quelque chose que j’apprécie particulièrement lors des changements de direction rapides, lorsque j’évite des racines ou des pierres.
La chaussure est globalement très flexible. Lorsque je cours, j’ai ainsi l’impression que rien ne freine le mouvement naturel de mon pied. Le dessus est léger et aéré, mes pieds n’ont pas trop chaud. En contrepartie, le matériau respirant n’est pas imperméable. Après avoir couru dans une prairie pleine de rosée, mes pieds étaient mouillés. Ce n’est pas grave, car grâce à l’aération, la chaussure sèche rapidement.

Source : Siri Schubert
J’aime vraiment la semelle avec son profil de 3,5 millimètres. L’adhérence est bonne même sur un sol humide et me donne de l’assurance. La protection des orteils en caoutchouc est utile, car elle évite que la chaussure ne se déchire immédiatement si je m’accroche à une branche ou à une racine.

Source : Siri Schubert
Conclusion : tout ce qu’il faut, mais pas plus
Mes pieds sont maintenant si bien entraînés que je peux faire une course décontractée de 45 minutes avec les Xero. Pour commencer, il est toutefois conseillé d’aborder lentement la marche pieds nus et de ne faire que des promenades ou de marcher quelques minutes dans les chaussures, sinon le risque de blessure augmente en raison du faible amorti. Peu à peu, les pieds se renforcent et c’est alors un plaisir de courir avec une chaussure légère de manière décontractée et naturelle sur un sol inégal.

Source : Siri Schubert
Je suis convaincue sur toute la ligne par les Mesa Trail II. Elles me confèrent tout ce dont j’ai besoin pour me déplacer sur des chemins de terre, sans artifices. Bien sûr, je veux continuer à les tester pour voir comment elles se comportent en montagne, mais je les trouve vraiment bien pour des courses décontractées sur des chemins de gravier, de forêt et de campagne avec, pour l’instant, peu de dénivelé. Elles ont en tout cas trouvé leur place dans ma préparation du semi-marathon du 14 octobre.
Photo d’en-tête : Siri Schubert

Plongeuse scientifique, instructrice de SUP, guide de montagne... même si les lacs, les rivières et les mers sont mes terrains de jeu favoris, je ne me laisse pas porter par le courant, car j'ai encore beaucoup à apprendre et à découvrir. J'aime aussi prendre de la hauteur et changer de perspective en volant avec des drones et en faisant du trail.