Vivo Nex S: le monstre chinois
14/8/2018
En général, on entend seulement parler de l’appareil photo rétractable du Vivo Nex S. Le reste? On dirait que personne n’en a rien à faire. Comme si la qualité des photos n’avait aucune importance. Mais ne vous inquiétez pas, j’ai posé un peu plus de questions.
On a déjà entendu de nombreux éloges au sujet du Vivo Nex S. Selon le discours marketing, le facteur de forme serait révolutionnaire, innovant et futuriste. On fait ici allusion à l’appareil photo rétractable situé sur le dessus. Parce que si vous voulez faire un selfie, il ne faut pas plus d’une seconde à l’appareil photo pour sortir et pour que vous puissiez vous voir. Si vous le désactivez, il rentre à nouveau dans le châssis.
Vivo résout ainsi le problème de l'encoche, c'est-à-dire l’entaille pour l'appareil photo et autres, qu’on retrouve normalement en haut de l'écran.
Voilà. C'est tout. Vous voulez plus d’infos? D’après ce qu’on lit, c'est tout ce qu'il y a à savoir…
Mais moi, je veux en savoir davantage. Parce que la caméra à selfie ne m’intéresse pas le moins de monde. J'ai peut-être fait une douzaine de selfies dans ma vie et je n'ai encore jamais passé d’appel vidéo. C'est pourquoi je m'intéresse à tout sauf à l’appareil photo rétractable. Je vais bien entendu en parler dans cet article, mais ça viendra de la plume de notre productrice vidéo, Stephanie Tresch, que je surnomme la reine des selfies.
Un concentré de puissance sous le capot
L’appareil photo rétractable est loin d’être le seul atout du Vivo Nex S. À première vue, on dirait cependant que la marque essaie de cacher quelque chose en ne parlant que de l’appareil photo rétractable. Quand on regarde les spécifications, on se rend vite compte que Vivo aurait facilement pu opter pour une autre forme de communication, comme «C'est notre téléphone... et, d'ailleurs, la caméra sort de l’appareil».
Avec le SoC (System on Chip) Snapdragon 845, le Nex S est l'un des téléphones portables les plus avancés de l'année. Le fabricant chinois a embarqué 8Go de RAM sous le capot, ce qui assure une vitesse sans précédent. Au quotidien, vous ne remarquez pas si Vivo tient cette promesse ou non. Je ne pense d’ailleurs pas qu’un utilisateur normal puisse remarquer la haute performance du système au-delà des 6Go, à l'exception peut-être d'une charge maximum légèrement plus élevée.
Malgré ses 8Go, je n’ai pas vraiment l’impression que le Nex S est si rapide. C’est peut-être aussi dû au fait que les animations et autres dans les applications sont toujours définies par l'application elle-même. Si le système peut répondre à la définition spécifiée par le logiciel, la durée est toujours la même. WhatsApp prendra toujours exactement le même temps pour ouvrir l'écran du profil de votre interlocuteur, à moins que votre téléphone ne soit lent et vieux.
Je remarque la limite de charge. Comme pour les téléphones de 6Go, il n'y a actuellement rien sur le marché qui puisse ralentir le Nex S de quelque façon que ce soit. Beaucoup d'applications ne sont tout simplement pas encore conçues pour tant de ressources disponibles. Si votre téléphone ne date pas de cette année, il n’a probablement que 4Go et devrait fonctionner de façon fluide. Les applications ne savent pas encore que faire avec six ou huit gigaoctets de RAM.
Je trouve cependant rassurant d'avoir un téléphone qui, je le sais, ne sera pas complètement obsolète d’ici l’année prochaine.
L'écran sans encoche et le gaspillage de place
Le Vivo Nex S est doté d’une interface utilisateur appelée Funtouch. Mais elle est tout sauf fun. Tant de fabricants chinois font la même erreur, celle de copier l’iPhone. Le Vivo Nex S ne déroge malheureusement pas à la règle. Pour une raison quelconque, en Chine, l'interface utilisateur d'Apple est considérée comme le nec plus ultra. Comme Android et Apple iOS ont une structure fondamentalement différente, cela fonctionne bien pour Apple, mais moins bien pour Android.
L'écran serait pourtant si beau: AMOLED avec une résolution de 1080x2316 pixels. Il y aurait tellement de choses à en tirer. Mais Vivo ne veut pas se précipiter et prend des décisions design extrêmement étranges.
- L’App Drawer a complètement disparu. Toutes les applications sont automatiquement placées sur un écran d'accueil.
- Si vous faites glisser la zone de notification vers le bas, vous n'avez que des notifications, pas de raccourcis vers des paramètres ou des boutons qui activent ou désactivent le Bluetooth et autres.
- Vous pouvez trouver les boutons dans le centre de commande qui ressemble beaucoup à celui d'Apple. Pour ce faire, vous devez faire glisser le bas de l'écran vers le haut.
- La grille d’applis de chaque écran d’accueil comprend 4x6 applis.
Il n'y a qu'une seule solution: faire appel au Nova Launcher. Ça ne résout certes pas le problème du centre de commande, mais vous pouvez au moins profiter pleinement de l'écran. Non seulement la résolution est haute, mais la sensibilité au toucher est extrêmement élevée. Le téléphone détecte le moindre mouvement de balayage et réagit rapidement, correctement et de manière fiable. D’avoir utilisé une disposition si démodée relève presque du crime. C’est pourquoi vous profiterez beaucoup plus de votre Nex S avec un Custom Launcher.
Le lecteur d'empreintes digitales est logé sous l’écran. Tandis que celui du Porsche Design Mate RS de Huawei réagissait très lentement, le lecteur du Nex S est un peu mieux. Il est toujours encore plus lent qu'un capteur d'empreintes digitales traditionnel placé au bas ou au dos du téléphone, mais je n'ai plus besoin d'appuyer comme un fou sur le téléphone et il se déverrouille en moins d'une seconde. J'aimerais avoir Face Unlock, car le système a déjà fait ses preuves sur plusieurs téléphones d’autres marques, comme Samsung, Huawei et Apple. Toutefois, comme la caméra avant ne sort du Nex qu'en cas de besoin, vous devez vous en passer.
From China with Love
Mais Funtouch n'est pas vraiment un coup d’épée dans l'eau. On constate rapidement les avantages de la surface dans les réglages: vous avez rarement eu autant d'accès aux ressources qu'avec la version Android de Vivo. Je peux accéder à certaines options de développeur juste comme ça. Je ne peux que spéculer sur la raison, mais c'est peut-être parce qu'aucun service Google n'est préinstallé en Chine et que certains utilisateurs prennent la peine de trouver des packs d'applications sur le net et de les installer manuellement. Ça expliquerait également l'emplacement bien visible de l'élément de menu VPN.
Il semble que le fabricant chinois Vivo veuille donner autant de liberté possible à l'utilisateur.
Je trouve ça OK. Ce n’est pas que j'aime spécialement les filtres de beauté pour les visages asiatiques dans mes applis pour appareil photo, mais je suis convaincu que l'industrie chinoise peut stimuler le centrisme général américain de l'industrie technologique. Bien que j'apprécie beaucoup Android et iOS, je les trouve un peu dépassés. Si un fabricant chinois se déchaînait et introduisait une grande nouveauté, les grands acteurs du marché se remettraient peut-être en question et remarqueraient qu'il manque une ou deux caractéristiques.
Dans la pratique, les options de réglage sont satisfaisantes. Mais heureusement qu’il ne faut les effectuer qu’une seule fois pour la plupart d’entre elles, parce que ce serait tout de même trop pénible s’il fallait les répéter chaque fois.
- Le raccourci vers les réglages se trouve dans le centre de commande, à gauche du paramètre luminosité, soit exactement là où on ne s'attend pas à ce qu'il soit.
- Pour les notifications, il faut gérer chaque application séparément. Par défaut, les notifications sont activées pour toutes les applications.
- Il existe des sous-réglages pour chaque réglage.
- Il n'y a pas de fonction de recherche pour les paramètres.
Donc, si vous êtes comme moi et que vous n’êtes pas friand des notifications, prenez un moment et parcourez vos applications. Ça ne prend environ que 15 minutes en fonction du nombre d'applications que vous avez, mais ce serait tout de même beaucoup plus pratique s’il était possible de le faire en une seule fois.
De l’autre côté
Bien que le Nex S soit un rectangle aux coins arrondis, jeter un coup d’œil à l’arrière en vaut vraiment la peine. Les collaborateurs de Vivo y prouvent qu'ils ne veulent pas seulement imiter le géant Samsung et ressembler un peu à Apple, mais qu'ils savent ce qu’ils veulent question design et qu'ils sont aussi capables de l’appliquer. Lorsque l’an dernier, Samsung est arrivé avec le S8 en Orchid Grey chatoyant, plusieurs fabricants ont suivi son exemple. Le produit phare actuel d’Honor brille dans une trentaine de nuances, ce qui en fait un superbe point de mire.
Le Nex S s'oppose à cette tendance. Au premier coup d'œil, on dirait que l’arrière est noir. Mais à la lumière, vous voyez une sorte d'effet arc-en-ciel. Ça fait un peu penser à l'examen d'un téléviseur à tube cathodique, où les points de l'écran ne sont pas d'une seule couleur, mais de plusieurs.
Là où d'autres téléphones misent sur un scintillement agressif, Vivo a opté pour un contrepoint agréable et surtout bienvenu.
Les appareils photo non rétractables
Le double capteur photo situé à l'arrière a 12 mégapixels avec une ouverture de f/1,8, plaçant ainsi le Nex S juste derrière le leader, le Huawei P20 Pro. Le deuxième capteur photo assure l’effet de profondeur de champ et livre 5 mégapixels avec f/2.4. Pas mal du tout.
L’appareil photo est très avancé et décide lui-même de certaines choses, ce que je trouve parfois un peu étrange. Il baisse par exemple les couleurs de plusieurs tons dans un environnement essentiellement composé de gris, et rend les gens pâles et sans vie malgré le préréglage HDR. Vous devez aussi désactiver le mode beauté que les Asiatiques apprécient tant, à moins que vous ne vouliez être artificiellement rose sur votre profil Instagram.
En relisant le passage ci-dessus, je me rends compte qu’on dirait que je déteste l’appareil photo. Non, ce n'est pas le cas. Je râle – comme pour à peu près toutes les fonctions du Vivo Nex S – comme si j’étais un gars qui a déjà eu beaucoup de smartphones entre les mains, qui les teste et qui veut juste que chaque téléphone tire le meilleur parti de son potentiel.
Maintenant, au tour de l’appareil photo à selfie
Venons-en à la chose qui semble intéresser le monde entier: la caméra à selfie. Si, dans l’application appareil photo, vous passez de l’appareil photo principal au module photo avant, la caméra à selfie sort automatiquement. Sous la coque arrière se trouve un moteur permettant au système de sortir et de rentrer du châssis.
Un ressort assure un certain degré de résistance aux chocs à la caméra à selfie. Un capteur mesure la pression de l’appareil et le refait rentrer dans le boîtier si besoin. Vivo a également installé des mécanismes logiciels pour protéger l’appareil photo rétractable. La caméra à selfie a besoin d’à peine un peu plus d’une seconde pour sortir du châssis et être opérationnelle. D'autres téléphones sont certes plus rapides, mais pas plus élégants.
Comme je n'ai que peu d'expérience en matière de selfies, j'ai demandé son avis à Stephanie Tresch, productrice vidéo et grande amatrice de selfies.
L’appareil photo à selfie tient ses promesses. Ce qui m'irrite un peu, c'est la teinte bleuâtre des vidéos, que je ne peux pas enlever, à moins d’y investir pas mal de temps. Les photos sont tout à fait correctes, je suis aussi satisfaite par la netteté de l’image. Lorsque vous zoomez, mes yeux sont toujours si nets que c'est plus que suffisant pour Instagram et d'autres médias sociaux.
Ce qui m’embête un peu: sur toutes les photos, j’ai l’impression d’être plus claire de peau et plus blonde, même sans le filtre beauté. On dirait aussi que ma peau et mes cheveux ont une teinte rougeâtre. Mais le seul vrai point de critique pour moi, c'est qu’il n’y a pas de déclencheur sur le côté, ce qui est absolument fatal si vous avez de petites mains comme les miennes. Si ça ne vous dérange pas, le Nex S est fait pour vous.
Si vous avez peur que la caméra à selfie se casse: j'ai délibérément laissé tomber le téléphone plusieurs fois sur l’appareil photo et il est toujours encore comme avant, tout comme la qualité de ses photos.
Bien plus qu’un simple gadget
Il est temps de tirer une conclusion. Le Vivo Nex S est très performant. Très. Même avec toute la mauvaise volonté, impossible de justifier le soupçon que Vivo essaie de cacher quelque chose en se concentrant sur l’appareil photo rétractable. Le système est puissant, rapide et la batterie de 4000 mAh est elle aussi prometteuse.
Seule la disposition de la surface Funtouch doit être améliorée de toute urgence: elle est démodée et n’est vraiment qu’une simple copie d’Apple. Avec de telles performances et un tel matériel, le Nex S n'a pas besoin de ça. Tant que les fonctions de l’appareil ne sont pas détournées, le smartphone fait ce qu’il doit faire. Cela est compensé par les réglages permettant des interventions plus profondes dans le système que d'autres modèles Android.
Les appareils photo principaux sont solides, mais ne gagneront jamais de prix. Leurs fonctions devraient encore être améliorées, parce qu'elles diminuent un peu trop strictement les couleurs de l'image et ça ne joue souvent pas avec la lumière et l'environnement.
Voilà. Fini. Au fait, le Vivo Nex S était le téléphone officiel de la Coupe du monde de football 2018, et tout le monde l’a déjà oublié.
Journaliste. Auteur. Hackers. Je suis un conteur d'histoires à la recherche de limites, de secrets et de tabous. Je documente le monde noir sur blanc. Non pas parce que je peux, mais parce que je ne peux pas m'en empêcher.
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