
Point de vue
Suggestion de livre : une réinterprétation cruellement féministe de "La Petite Sirène".
par Natalie Hemengül
J'ai soudain ressenti ce besoin de lire à nouveau un livre. Un livre ? Oui, ce truc en papier. Vous savez, tout à fait eighties et tout.
L'homme gère ses crises de différentes manières. Certains achètent du papier toilette comme s'il n'y avait pas de lendemain. Et ils doivent se demander s'ils sont capables de s'asseoir autant aujourd'hui. Et puis il y a ceux qui ont toujours su. Quoi qu'il en soit. D'autres sentent le complot mondial visant à éliminer tous les seniors, et moi, je suis soudain pris d'une envie de lire un livre.
Ce sont ces choses généralement rectangulaires. Un blog post sur papier, donc. Du papier ? Blanc, fin... Les seniors, qui sont en train d'être supprimés selon les théoriciens du complot, le connaissent encore : le papier. Le livre. Et lire, pendant des heures. Ce qui suit n'est cependant pas une critique de livre. Je répète, PAS de critique de livre.
Comment est né ce besoin ? Je dois faire un bref retour en arrière. Il était une fois, il y a longtemps, ma femme m'a offert pour Noël le nouveau roman de Sibylle Berg, "GRM Brainfuck". Cette chère Mme Berg m'a mis la puce à l'oreille dès le titre. Et j'aime sa plume. Cela fait maintenant quatre mois que le livre est sur l'étagère, attendant d'être lu. Je l'ai commencé deux fois et j'ai capitulé deux fois au bout de 50 pages. Trop sombre, trop difficile à lire. Finalement, c'était l'Avent. La période des lumières et des bougies, des marchés de Noël et des stands de vin chaud. L'odeur alléchante des étoiles à la cannelle fraîchement cuites flottait dans l'air
A présent, je travaille à domicile. Seul dans ma chambre, je rédige des textes. Dehors, le soleil brille, à l'intérieur, le crâne fume. Soyons clairs. J'aime travailler dans un bureau à domicile. Il ne m'est pas difficile, avec une certaine discipline, d'apporter une structure dans le travail quotidien à la maison. Et je dois être un solitaire. Baissez les volets, allumez la lumière. Cloisons fermées. En d'autres termes : Je suis prêt pour Sibylle Berg.
Je serais prêt pour son roman. Le monde a d'autres projets. Après trois semaines de lockdown, notre société du plaisir 24 heures sur 24 atteint ses limites. Elle est presque à l'arrêt. Les entreprises font faillite, les emplois disparaissent. C'est vraiment la merde. Personne ne peut stocker autant de papier toilette. Pâques approche à grands pas. Nous ne sommes pas censés voir nos familles. Ça craint!
Mais sur le plan numérique, c'est la folie. Il y a toujours quelque chose qui s'affiche. Même les cloisons les plus étanches ne servent à rien. Les experts autoproclamés de la Corona s'en donnent à cœur joie sur Facebook. Les présidents et les gouverneurs se twittent les uns les autres. Sur Youtube et Instagram, on fait de la gymnastique, de la cuisine, de la danse et de la pâtisserie en direct. Si l'on en croit le philosophe français Blaise Pascal, il en allait déjà de même au XVIIe siècle :
Tous les malheurs des hommes viennent uniquement de ce qu'ils ne savent pas rester tranquilles dans une chambre.
Pourquoi avons-nous tant de mal à rester immobiles pour une fois ? Sortir de nos roues de hamster. Ralentir le rythme. Quand, si ce n'est maintenant ? Ou bien nos cerveaux sont-ils déjà tellement malmenés qu'au bout de quelques semaines, nous perdons collectivement notre sang-froid si le jeu permanent n'est pas en marche ? Les réponses à ces questions se trouvent peut-être dans le roman de Sibylle Berg.
Alors, à la prochaine. "GRM Brainfuck" pour la troisième fois.
Ancien journaliste radio devenu fan de story telling. Coureur confirmé, adepte du gravel bike et débutant en haltères de toutes tailles. Quelle sera ma prochaine étape ?