Test de produit

Disney+ : une super bibliothèque, des originaux qui laissent à désirer

Luca Fontana
6/4/2020
Traduction: Stéphanie Casada
Vidéo: Thomas Kunz

Le service Disney+ arrive enfin en Suisse. Il est temps de tirer une première conclusion sur la « priorité absolue de Disney », qui est de conquérir l'univers du streaming.

J'ai du mal à réprimer mon sourire. Je me retrouve face à la visière sans expression, mais emblématique d'un Mandalorien. Elle appartient au personnage de la série du même nom, « The Mandalorian », de Disney+. Et là-haut, dans le menu principal de Disney+, dans le grand onglet qui montre les séries ou les films les plus populaires ou ceux récemment ajoutés, je trouve que la visière a tout à fait sa place.

Mon sourire est toujours là quand je remarque les cinq petits onglets dessous. En fait, ce sont ces mini onglets qui comptent vraiment. Ils représentent les marques de Disney, le plus grand capital de diffusion de Disney.

Disney, Pixar, Marvel, Star Wars et National Geographic.

Les souvenirs refont tout d'un coup surface. Des souvenirs de mon enfance où je passais des heures devant des séries comme « Myster Mask », « La Bande à Picsou » ou encore « Gargoyles, les anges de la nuit ». Ou des souvenirs de moi il y a 12 ans qui a vu « Iron Man » pour la première fois et qui a écrit sa toute première vraie critique de film (en allemand) – ou qui a du moins essayé de le faire. Internet n'oublie jamais... Et puis il y a « Star Wars », le film qui a déclenché mon amour pour le cinéma et la musique de film quand j'avais environ sept ou huit ans.

Difficile de ne pas se laisser aller à la nostalgie.

Mais c'est justement sur elle que compte Disney. Pas seulement avec moi. Avec nous tous. C'est exactement ça que ça signifie de s'abonner à l'actuelle « priorité la plus importante » de Disney : un ticket pour des sentiments nostalgiques.

Un billet pour replonger dans votre propre enfance.

La grande force de Disney+ : son catalogue

Il était une fois un homme nommé Walt Disney. Avec un capital de départ de 250 dollars, il a fondé sa première société au début des années 20 à Kansas City et a créé ses premiers personnages de dessin animé. Trois ans plus tard, lui et son frère se sont installés à Hollywood, où ils ont fondé la Walt Disney Company. Cinq ans plus tard, en 1928, « Mickey Mouse » est créé et Walt Disney devient le plus célèbre dessinateur de dessins animés et producteur de films au monde.

Environ 90 ans, plus de 400 films et plus de 60 Oscars plus tard, Disney est actuellement classé 70e dans la liste Forbes des 2000 plus grandes sociétés du monde. Et devrait y rester. L'étape suivante consiste donc à rejoindre la bataille des services de streaming, avec Disney+. Ce n'est que récemment que l'ancien PDG de Disney, Bob Iger a même qualifié le projet comme étant « la priorité n°1 de Disney ».

  • Nouveautés + tendances

    Disney+ débarque en Suisse le 24 mars

    par Luca Fontana

Et concrètement ? Tous les classiques que Disney a conservés dans son bunker, le fameux Disney Vault, seront disponibles sur le service de streaming. À cela s'ajoute presque tout le contenu des marques Disney Pixar, Marvel, Star Wars et National Geographic.

Du moins en théorie. Selon le communiqué de presse, le service propose 500 films et 350 séries. Plus des productions internes exclusives qui ne sont produites que pour Disney+, les originaux Disney. Je n'ai pas compté. Mais les commentaires que vous écrivez avec tant de diligence, suggèrent qu'il manque beaucoup de contenu. Surtout pour les germanophones.

La série « Goofy und Max » est dessus. Mais pas le film. « Avengers : Endgame » ne sera pas disponible avant septembre. « Agents of Shield » est là, mais seulement les trois premières saisons. Les films « X-Men », achetés par la 20th Century Fox en 2019, sont tous disponibles, sauf « Logan » et « Dark Phoenix ». Le grand (selon les critiques), mais qui n'a pas fait beaucoup d'entrées, « Onwards », est disponible depuis peu aux États-Unis, mais pas en Europe. Et j'en passe.

Marvel a une place prépondérante sur Disney+. Tout comme les films et les dessins animés X-Men.
Marvel a une place prépondérante sur Disney+. Tout comme les films et les dessins animés X-Men.

Néanmoins, le catalogue, c'est-à-dire la bibliothèque des productions internes exclusives, est peut-être le plus attrayant sur le marché de la diffusion en continu. Surtout avec des marques hollywoodiennes aussi célèbres que Marvel et Star Wars. À cela s'ajoute la possibilité de créer jusqu'à sept profils par compte et de les utiliser sur quatre appareils simultanément.

Disney lit automatiquement le contenu dans la meilleure qualité possible selon ce que l'appareil prend en charge. En d'autres termes : résolution UHD, format HDR10 et, lorsque l'appareil le prend en charge, aussi Dolby Vision. Ce dernier est surtout valable pour les productions Disney. Moins pour les séries plus anciennes comme « Doug » ou les classiques comme « La Belle et le Clochard ».

Et tout cela pour 9,90 francs par mois ou 99 francs par an. Une déclaration de guerre; l'équivalent coûte 21,90 francs par mois chez Netflix.

L'application : une navigation agréable dans le menu et une bonne vue d'ensemble

Le design rappelle Netflix et Amazon Prime : des onglets sur un fond sombre, et chaque colonne représente une catégorie. Des recommandations, des têtes d'affiche, « parce que vous avez regardé... » et d'autres choses du genre. S'il y a le logo Disney dans le coin inférieur droit, il s'agit d'une production originale Disney. Semblable au « N » rouge de Netflix ou au logo de la pomme sur AppleTV+.

  • Test de produit

    Apple TV Plus : le service est-il vraiment si mauvais ?

    par Luca Fontana

Un clic sur l'onglet permet d'obtenir un aperçu du contenu. Vous y trouvez un bref résumé du contenu, les épisodes disponibles, les saisons, ainsi que la qualité de l'image et du son. Et : des extras. Des making-of aux scènes coupées, sans oublier les bêtisiers et les bandes-annonces. C'est-à-dire ce qu'on retrouve dans les bonus des Blu-ray et DVD. C'est génial pour les nerds comme moi. Je ne me souviens pas d'avoir vu quelque chose de similaire sur Netflix ou AppleTV+. Et un clic sur le logo Plus ajoute le contenu à la liste de ce que vous souhaitez regarder.

J'aime le design clair, qui rappelle celui de Netflix.
J'aime le design clair, qui rappelle celui de Netflix.

Ensuite, il y a les mini onglets susmentionnés par marque Disney : un clic sur le logo Pixar vous amène à tous les films Pixar disponibles, un clic sur le logo Star Wars vous amène aux films Star Wars incluant les spin-offs, les séries réelles et animées. Et ainsi de suite. La page d'aperçu est conçue pour s'adapter à chaque franchise.

Cool. Super cool même.

Chaque page d'aperçu a son propre design.
Chaque page d'aperçu a son propre design.

Les colonnes supplémentaires sous « films » ou « séries » sont aussi pas mal du tout. Par exemple, la colonne « Collection Dark Vador » répertorie tous les contenus dans lesquels Dark Vador apparaît, que ce soit un film, une série ou un dessin animé.

Vous pouvez également naviguer dans la gigantesque bibliothèque via le menu principal. Il y a essentiellement une « liste de lecture », des « films », « séries » et une page dédiée à « Disney Original ». L'organisation est un peu la même que celle de Netflix.

Simple, mais clair. Pourquoi pas.
Simple, mais clair. Pourquoi pas.

Dans l'ensemble, l'application semble claire et nette, qu'elle soit utilisée sur une smart TV, un smartphone, un ordinateur de bureau ou une tablette.

La grande faiblesse : Disney Original

Aussi attrayant que soit le catalogue de Disney, son offre de production originale laisse à désirer. Et pas seulement en termes de taille. La plupart des classiques Disney sont classés entre « moyens » et « biens ». Quelque chose que je connais déjà de Netflix. Cela est dangereux pour les deux services de streaming : un certain nombre d'études comme celle-ci montrent que l'attrait des productions internes est décisif pour l'attrait du service de streaming.

Je l'ai détaillé dans cet article :

  • En coulisse

    Disney+ arrive – et répète la même erreur que Netflix

    par Luca Fontana

En résumé, les productions originales qualifiées de moyennes font plus de tort à Disney+ que la concurrence elle-même. Après tout, Netflix et Prime peuvent marquer des points grâce à la diversité. Donc, selon la devise : peu importe ce que vous cherchez, il y a certainement quelque chose pour vous. Un château de cartes de thrillers. Des drames d'éducation sexuelle. Des épopées de la mafia. Des dessins animés qui vont droit au cœur. La liste est longue. Disney+, en revanche, ne connaît que le divertissement familial. Si la maison de la souris veut s'établir à long terme, il n'y a pas de place pour les contenus moyens. La concurrence est tout simplement trop forte et trop nombreuse pour cela.

Il y a peu d'exceptions à la médiocrité. « Togo », par exemple, un grand film basé sur des événements réels : lorsque la diphtérie éclate en 1925 à Nome, une petite ville de l'ouest de l'Alaska, l'antidote qui attend à Anchorage doit être apporté à Nome. Il n'y a pas de route entre Anchorage et Nome, distantes de 1600 kilomètres. Un escadron de chiens de traîneau est censé sauver la situation : Togo, le chien de traîneau du musher Leonard Seppala (Willem Dafoe), maintenant âgé de 12 ans, affronte la plus longue et la plus difficile des 20 étapes.

La course en relais, qui est entrée dans l'histoire sous le nom de Course au sérum, est connue de tous les enfants des États-Unis.

Ou « The Imagineering Story », l'un des meilleurs documentaires sur Disney qui existe. Il met en lumière les artistes et les ingénieurs qui sont responsables de tous les robots, attractions et décors que l'on peut voir dans les films et les parcs à thème.

De plus, « The World According to Jeff Goldblum » est génial, car c'est une série d'info-divertissement facile à comprendre, qui dégage un charme Goldblum typique.

Et bien sûr : « The Mandalorian », la figure de proue de Disney+. Une histoire qui crie « Star Wars ». J'ai rarement vu une série aussi bien conçue. Excepté « Game of Thrones » de HBO, dont la réalisation est une véritable exception dans tout le paysage télévisuel.

Cependant, « Togo » et « The Imagineering Story » n'ont pas connu de succès médiatique comme « The Mandalorian ». Et la sortie de la prochaine émission Disney+ est prévue pour août 2020. Au plus tôt. Ce sera « The Falcon and the Winter Soldier » de Marvel. Il est possible de combler la période d'attente de quatre mois avec des classiques que vous avez déjà vus. Au moins au début. Mais dans un an ou deux, Disney devra en proposer davantage pour satisfaire les abonnés.

Bilan : j'aime bien Disney+, mais...

Disney nous replonge en enfance avec son énorme catalogue de souvenirs. Comme R2-D2 de Luke Skywalker dans « Le dernier Jedi », lorsque le droïde Astromech joue le célèbre message d'une princesse en détresse qui a jadis poussé le jeune Luke à faire ses premiers pas dans un monde plus vaste. Maintenant, le souvenir des jours passés devrait conduire à former une nouvelle génération de Jedi.

« C'était un coup bas », dit le vieux et grincheux Maître Jedi à son ami, se lève et commence l'entraînement des Reys Jedi.

Le tour de Disney est tout aussi cliché ; et tout aussi efficace. Ça ne me dérange pas plus que ça, sachant que la maison de la souris répond avant tout à un besoin nostalgique. Ni plus ni moins. C'est bon, ça me va. Surtout pour le prix.

Mais je suis convaincu que Disney doit fournir plus de contenus, et surtout de meilleure qualité, produits spécifiquement pour le service de streaming. Parce qu'un jour, les abonnés auront abreuvé leur soif de nostalgie et voudront de la nouveauté.

Cet article plaît à 28 personne(s)


User Avatar
User Avatar

Vivre des aventures et faire du sport dans la nature et me pousser jusqu’à ce que les battements du cœur deviennent mon rythme – voilà ma zone de confort. Je profite aussi des moments de calme avec un bon livre sur des intrigues dangereuses et des assassins de roi. Parfois, je m’exalte de musiques de film durant plusieurs minutes. Cela est certainement dû à ma passion pour le cinéma. Ce que j’ai toujours voulu dire: «Je s’appelle Groot.» 


Audio
Suivez les thèmes et restez informé dans les domaines qui vous intéressent.

Films et séries
Suivez les thèmes et restez informé dans les domaines qui vous intéressent.

Ces articles pourraient aussi vous intéresser

  • Test de produit

    Artemis Fowl : non

    par Dominik Bärlocher

  • Test de produit

    Malgré quelques petits problèmes, « Fantastic Beasts 3 » est tout simplement magique

    par Luca Fontana

  • Test de produit

    Le premier film Harry Potter fête ses 20 ans ! Découvrez ici mon classement des films

    par Luca Fontana

36 commentaires

Avatar
later