En coulisse

Le café : de Santos à Bâle

Après des semaines de transport par bateau, le café de Rafael Vinhal, agriculteur brésilien, arrive à Bâle. Un silo entier est réservé aux sacs colorés venus des tropiques sur lesquels un ancien footballeur professionnel veille.

Des bateaux lourdement chargés s'approchent des jetées en sifflant. Dans le ciel, les mouettes décrivent des cercles en criant. Un balai de gigantesques grues donne l'impression que les conteneurs flottent dans les airs. Et là, au milieu de ce spectacle, assis sur une borne, un capitaine coiffé d'une casquette fume pendant sa pause. Voilà comment j'imagine ma venue au port. En réalité, la route rectiligne s'ouvrant sous mes yeux est bordée de part et d'autre de voies ferrées et de bâtiments industriels. Aucun bateau, aucune mouette, aucun loup de mer. Rien ne permet de penser que le port rhénan de Kleinhüningen se cache derrière les maisons à étages.

Santos, Hambourg, Bâle, Ebikon

« Le camion vient d'arriver », lance Vasile Olaru, chef d'équipe du secteur des silos de Rhenus Port Logistics AG. À peine ces mots sont-ils prononcés que Monsieur Moor, le chauffeur, déboule au coin de la rue avec un transpalette. Deux autres suivent. Les grains de café de Rafael Vinhal sont enfin arrivés, près de six semaines après le départ du navire du port de Santos au Brésil à destination de Hambourg. De là, ils ont été acheminés par camion jusqu'à Brême avant d'être à nouveau transbordés pour arriver en Suisse par la route, d'abord à Winterthur, puis Bâle.

Le port suisse du Rhin traite environ sept millions de tonnes de marchandises par an, soit dix pour cent du commerce extérieur total de la Suisse. Le Rhin offre à la Suisse un lien avec la mer. Kleinhüningen est le plus ancien des trois sites de Bâle. En 1903, l'ingénieur Rudolf Gelpke prouve que, contrairement à l'opinion générale de l'époque, le Rhin était navigable jusqu'à Bâle. Le bassin portuaire est planifié au début de la Première Guerre mondiale (1914) et les travaux d'excavation commencent peu après (1919). Le premier convoi remorqué accoste en 1922. L'ancien village de pêcheurs idyllique et zone de loisirs locale est devenu un centre de transbordement.

Terminal 3 : marchandise venue d'outre-mer

Kleinhüningen remplit sa fonction jusqu'à ce jour. Bien que les grains de café et de cacao ne représentent qu'une faible proportion des marchandises traitées, elles ont néanmoins leur propre terminal : Le numéro trois. Et sur ce petit monde, Vasile veille. Pour s'assurer que tout est en ordre, il vérifie la livraison du café Vinhal. Les marchandises sont arrivées complètes et non endommagées. Monsieur Moor peut repartir travailler. Les grains restent ici pour le moment jusqu'à ce qu'ils soient torréfiés par la société Rast à Ebikon.

Le café d'Algrano est stocké au cinquième étage. Cette startup suisse, qui met en relation directe les producteurs de café avec les torréfacteurs, se charge du transport et des paiements. Le café vert de Rafael Vinhal est également stocké ici. Une fois en haut, nous sommes dans la pénombre. Les fenêtres sont isolées avec du film rouge : « La température est méticuleusement contrôlée et maintenue pour que le café tienne longtemps », explique Vasile.

En appuyant sur l'interrupteur, des lampes fluorescentes s'allument en rangées, révélant les vastes quantités de sacs de café soigneusement empilés en provenance du monde entier. Costa Rica, Brésil, Éthiopie. Les associations avec les pays et les impressions colorées sur les sacs contrastent avec la lumière éblouissante et les murs froids en béton du terminal. Et l'odeur me saisit d'emblée. Elle ressemble plus à celle de décombres qu'à du café. « L'arôme typique n'apparaît qu'avec la torréfaction », explique Vasile.

"En travaillant ici, je ne peux décemment plus me contenter de mauvais café en capsule."

Il travaille depuis douze ans pour la société de logistique Rhenus, qui s'occupe principalement de la manutention et du stockage de marchandises. « En Roumanie, j'étais footballeur professionnel en troisième division. » C'est ce sport qui l'a attiré dans cette région en premier lieu. « J'ai déménagé à Lörrach pour y jouer en première division. Mais on est redescendu en Verbandsliga, ce qui ne permet pas de vivre en tant que joueur. Puis j'ai eu un problème au genou. » Le café est entre temps devenu une sorte de passion. « En travaillant ici, je ne peux décemment plus me contenter de mauvais café en capsule. »

Tas de ferraille

Le bureau se trouve quelques maisons plus loin. Pour la première fois, je vois le Rhin et toute l'agitation qui règne sur ses rives, ce que j'imaginais depuis mon arrivée. Les navires sont chargés et déchargés. Chez Rhenus, le café, qu'il arrive par camion ou par conteneur d'expédition, ne joue qu'un rôle mineur. Les principaux secteurs d'activité sont les neuf silos à grains, d'une capacité de stockage totale de 150 000 tonnes, les métaux tels que l'aluminium, le secteur du recyclage des déchets et du verre usagé et, enfin, le ballast pour l'entretien du réseau ferroviaire suisse.
« La ferraille recyclable de toute la Suisse transite ici avant d'être chargée sur les péniches du Rhin à destination d'Amsterdam, Rotterdam et Anvers », explique Özer Kirisikoglu, chef des opérations de Rhenus Port Logisitcs. De là, elle est expédiée vers la Turquie et dans d'autres pays où les prix de la ferraille sont intéressants, avant d'y être transformée en fer à béton. La « décharge de l'Europe » recèle une activité lucrative, celle du commerce du recyclage des déchets.

Rhenus ne s'occupe de ces transports outre-mer que sur demande. Leur zone de travail est le Rhin. Mais même sur ce tronçon relativement court, il y a toujours des problèmes. « En été, la sécheresse n'est pas une mince affaire. Le Rhin brasse beaucoup moins d'eau, si bien que les péniches ne peuvent pas être chargées à pleine capacité », explique Özer Kirisikoglu. Jusqu'à récemment, il n’était pas loin de déborder, une situation critique. On dénombrait plusieurs blocages le long du Rhin, paralysant la navigation complètement. « Il nous a fallu nous rabattre sur des camions, un tour de force organisationnel. »

Le projet de redéveloppement du quai de l'ouest, où Rhenus opère principalement, entraîne d'autres changements. « Nous pouvons rester ici jusqu'en 2029, date à laquelle le bail de notre bâtiment expire. En fonction de l'évolution du projet, nous devrons alors trouver de nouveaux emplacements pour l'entreposage à l'air libre » explique Özer Kirisikoglu. En effet, certaines parties du port seront dotées d'une nouvelle affectation avant une ouverture à la population. « Des appartements avec vue sur le port doivent sortir de terre. Sont également prévus des espaces commerciaux. »

Tandem père-fille

Ce projet devrait épargner les silos. Le plus vieux est censé servir un certain temps encore. Toujours utilisé, le silo à blé Bernoulli, entré en service en 1924, est un bâtiment en briques du toit duquel on peut voir tout le port de Kleinhüningen, et même la maison de Vasile située à Istein, un ravissant village viticole. « En été, je viens toujours à vélo en longeant le Rhin. » Bientôt, il pourra parcourir la distance de trente minutes en compagnie de sa fille, qui commencera à travailler chez Roche à Bâle cet été. Sur le plan sportif, cependant, elle a emprunté une autre voie. « Elle fait de la natation. Ce n'est pas faute d'avoir essayé de la mettre au football pendant l'enfance. », lance-t-il en riant.

Depuis le toit, on peut observer le port et toute l'agitation sur le fleuve, entendre les sons typiques des grues qui empilent les conteneurs avec facilité, du gravier qui se déverse et des mouettes qui crient entre les deux. Pendant un bref instant, je comprends la volonté de construire des logements au milieu de ce bassin portuaire. Cette ambiance est si plaisante d'ici qu'on pourrait presque s'assoupir. « Bon, on continue. » La voix de Vasile dissipe rapidement ces pensées. Le café et le cacao continueront d'entrer et de sortir du terminal 3 jusqu'à 17 heures. Demain, dès 7 heures, tout recommencera.

Dans quelques jours, le café de Vinhal sera en route vers l'usine de torréfaction de Rast à Ebikon, où Simon devra le sublimer. Lors de la dégustation, il passera en revue toutes les nuances du café selon des règles strictes.

Torréfaction claire pour café filtre

Grownby Vinhal Lavado Torra Clara (250 g, Torréfaction légère)
Café en grains

Grownby Vinhal Lavado Torra Clara

250 g, Torréfaction légère

Grownby Vinhal Natural Torra Clara (250 g, Torréfaction légère)
Café en grains

Grownby Vinhal Natural Torra Clara

250 g, Torréfaction légère

Grownby Fermentado Torra Clara (250 g, Torréfaction légère)
Café en grains

Grownby Fermentado Torra Clara

250 g, Torréfaction légère

Torréfaction moyenne pour machines entièrement automatiques

Grownby Vinhal Lavado Torra Média (250 g, Torréfaction moyenne)
Café en grains

Grownby Vinhal Lavado Torra Média

250 g, Torréfaction moyenne

Grownby Vinhal Fermentado Torra Média (250 g, Torréfaction moyenne)
Café en grains

Grownby Vinhal Fermentado Torra Média

250 g, Torréfaction moyenne

Torréfaction foncée pour espresso*

Grownby Vinhal Lavado Torra Escura (250 g, Torréfaction foncée)
Café en grains

Grownby Vinhal Lavado Torra Escura

250 g, Torréfaction foncée

Grownby Vinhal Fermentado Torra Escura (250 g, Torréfaction foncée)
Café en grains

Grownby Vinhal Fermentado Torra Escura

250 g, Torréfaction foncée

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