En coulisse

Le Vieil Homme et le...Lac

Le lieu? Le lac de Zurich. Le défi? Un sprint de 250 mètres en rameur. Je me trouve aujourd'hui au club d'aviron Belvoir Rowing Club en compagnie de Jonathan Perraudin pour faire de l'aviron. J'aimerais en tous cas. Mais j'ai d'autres problèmes.

Premièrement: il fait froid, il fait même très froid (je tends l'auriculaire). Je fais l'inverse de ce que la plupart des gens font, je vais dans l'eau pendant que le reste du monde s'amuse sur les pistes dans des sous-vêtements qui tiennent chaud. Deuxièmement: j'y connais que dalle en aviron. Livré à moi-même sans expérience à bord d'un bateau, ça risque bien de tourner au vinaigre cette affaire. Non?

Jonathan Perraudin du club Belvoir RC a promis de me montrer les bases de l'aviron dans le cadre d'un cours intensif à l'issue duquel je suis censé le défier à une course. Découvrez comment je me suis mis dans cette situation:

  • En coulisse

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Même moi j'y suis arrivé

On est tous un peu je-sais-tout sur les bords. Surtout quand il s'agit de sport, on a vite fait de dire qu'on aurait fait ceci ou cela autrement et beaucoup mieux. Allez, ça ne peut pas être bien compliqué, ça a l'air tellement simple à la télé. Vous avez vu la vidéo ci-dessus? Si oui, alors vous saurez de quoi je parle.

Le lac rien que pour nous.
Le lac rien que pour nous.
On monte à bord et on y reste.
On monte à bord et on y reste.

Même le fait d'entrer dans ce qu'on appelle un cornish pilot gig de type C n'était pas une mince affaire. Bien que ce type de bateau soit beaucoup plus stable sur l'eau qu'un bateau de course, j'ai passé la plupart de mon temps à essayer de ne pas tomber à l'eau. D'ailleurs, Jonathan me rappelait sans cesse de pousser sur les poignées des rames avec les pouces, technique censée stabiliser le bateau. Il me demandait également de plonger entièrement les deux rames dans l'eau en même temps. Ce qui est important aussi, c'est de fournir la même quantité de force sur les deux rames pour éviter de tourner en rond. La main gauche doit toujours chevaucher la main droite – c'est un truc de marin –, et il faut tourner les rames par la même occasion. Ah, et puis se détendre, c'est primordial. C’est aussi simple que ça.

Qui y arrive?

Jonathan Perraudin étudie le génie mécanique à l'ETH. Il rame depuis 12 ans environ. Jonathan a commencé ce sport quand il était ado. Depuis, c'est devenu une passion. Ce qu'il préfère, c'est ramer à deux et à huit, le travail d'équipe représente pour lui ce qui a de plus beau dans l'aviron. Ça et être dehors dans la nature. Malgré l'instabilité de mon bateau, je le comprends. Il est neuf heures, nous sommes pratiquement seuls sur le lac de Zurich. En arrière-plan, on aperçoit les collines recouvertes de nappes de brouillard, les rayons du soleil se réverbèrent sur le lac. Ce paysage a quelque chose de féerique.

«Utilise tes pouces pour pousser les rames, Patrick! Maintenant, sinon, tu chavires». La voix de Jonathan me sort de mes pensées. Qu'ai-je appris sur le rameur en salle déjà? Attaque, poussée, fin du coup, retour, et ainsi de suite. C'est la technique de base. Au sec, je la maîtrise de plus en plus. Sur l'eau, c'est une autre paire de manches.

Trop à gauche ou trop à droite

«Il faut que tu alignes ton bateau, tu rames d'un seul côté». Sans que je m'en aperçoive, nous ramons très loin du rivage, beaucoup trop à droite du lac par ma faute. Il est temps de faire demi-tour. «Il faut que tu alignes ton bateau, tu rames d'un seul côté». Allez, de l'autre côté maintenant»! Jonathan n'a pas la vie facile avec moi. Je suis unidirectionnel, soit je ne vais qu'à gauche, soit qu'à droite, j'ai toujours eu du mal à trouver mon centre.

Un défi? Non merci!

Après une bonne demi-heure, je ne sens plus rien. Les mains? Elles sont moites. Les jambes? Congelées. Le reste? Complètement endolori. Suis-je détendu? On ne peut pas appeler ça comme ça. J'abandonne. Et le défi dans tout ça? À l'origine, je devais affronter Jonathan sur un sprint de 250 mètres, selon une cadence élevée de 32 coups environ par minute. Ce n'est même pas la peine d'y penser. Je veux juste retourner sur la terre ferme et au chaud. Mais soudain, en retournant à l'embarcadère, j'ai ressens l'impression de savoir ce qu'est ramer vraiment. Pendant quelques secondes et coups de rame, j'arrive à imaginer comment ce serait si je pratiquais ce sport régulièrement. Mais avec des si, on mettrait Paris en bouteille.

Une fois arrivé au ponton, je suis soulagé. Le défi n'a pas été relevé, mais quand même, ce fut une expérience extraordinaire grâce à Jonathan Perraudin.

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Question froid, j'ai donné, cap donc sur la salle d'escalade à Schlieren! Mon prochain défi? L'escalade de bloc. Prenez de la hauteur avec moi!

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Ancien journaliste radio devenu fan de story telling. Coureur confirmé, adepte du gravel bike et débutant en haltères de toutes tailles. Quelle sera ma prochaine étape ?


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