Test du GPS Garmin Overlander : vieux matériel, super logiciel
8/10/2019
Traduction: Sophie Boissonneau
Les navigateurs GPS ont-ils encore une utilité à l'ère de Google Maps ? Oui, si vous voulez arriver plus détendu. Est-ce qu'il faut vraiment lâcher 700 francs pour ça ? Pas forcément. Voici tout de même un test en bonne et due forme d'un tout nouveau système de navigation GPS de Garmin.
La publicité envoie du rêve. Le GPS Garmin Overlander devrait vous ouvrir les portes du monde. Aucun virage ne vous sera caché. Vous ne vous perdrez jamais. Et d'après la voix off dans la publicité, l'homme n'est pas fait pour les barrières et les frontières. Nous sommes faits pour la découverte et l'exploration.
Sur un plan idéaliste, je suis tout à fait d'accord avec l'affirmation sur la découverte. Sortez de votre zone de confort. Faites quelque chose que vous n'auriez jamais pensé faire. Vous n'avez pas nécessairement besoin d'un appareil de navigation pour cela, mais si votre recherche de nouvelles frontières inclut un trajet en voiture, ça peut aider. Bien, revenons-en au sujet principal. Le Garmin Overlander. Un appareil hybride à mi-chemin entre la tablette et le GPS.
Le test tombe à pic, car je dois quitter Zurich pour me rendre à Munich dans un hôtel dont je n'ai jamais entendu parler dans quelques heures. Et cela pour un autre appareil qui fonctionne également sous Android.
Heureusement, j'ai une voiture qui en a sous le capot et qui restera pour toujours dans mon cœur. J'envie celui ou celle qui achètera cette Dodge Challenger. Vraiment.
Ou une BMW 320d. Elle m'a permis d'arriver rapidement en Suède. C'est aussi une bonne voiture.
Un petit conseil avant de partir, chargez l'Overlander avant de l'embarquer en voiture et effectuez les dernières mises à jour sur votre wifi à la maison. La mise à jour des cartes est actuellement de 12 Go et une mise à jour du logiciel est également disponible. Comme l'Overlander n'est compatible qu'avec les réseaux 2,4 GHz, le téléchargement des cartes prend pas mal de temps. Le GPS est derrière moi en train de faire une mise à jour, au moment même ou j'écris ces lignes avant de partir pour Munich. Avec une infrastructure réseau optimisée et en 2,4 GHz, le wifi permet de télécharger les données à 600 Mbps max, c'est-à-dire 75 Mo par seconde. Dans ces conditions idéales, il faudrait donc 160 secondes pour télécharger les 12 Go de données. Mais les conditions idéales ne sont pas réunies. Ça prend beaucoup plus longtemps.
Garmin Overlander : qu'a-t-il dans le ventre ?
En allumant l'Overlander, je remarque qu'il ressemble beaucoup à une tablette classique. Il n'y a que la coque avec absorption des chocs qui lui donne un look un peu robuste. Pourtant, il n'est certifié qu'IP5X. Cela signifie qu'il n'est que partiellement protégé contre la pénétration de la poussière et des particules. Et le « X » signifie qu'il n'a pas de protection spéciale contre l'humidité. C'est probablement parce qu'il y a un grand haut-parleur à découvert à l'arrière.
Certifié MIL-STD-810, il résiste aux chutes d'une hauteur de 1,20 m jusqu'à 26 fois, c'est exactement ce que dit la norme. Entre autres. La version du test 810 ne sera pas publiée, mais je suppose que c'est la version G, puisque la F a été déclarée obsolète en 2008.
En d'autres termes, il existe des tablettes beaucoup moins chères et beaucoup plus stables. Mais avant de dépenser un bras dans une tablette, attendez un peu et finissez la lecture de cet article. On en finit rapidement avec tout le blabla technique et le grand « mais » arrive.
Si la taille de l'Overlander vous convient, mais que vous aimiez des performances encore meilleures, il y a toujours le RugGear, mais il coûte aussi plus cher.
Mais de quoi est donc capable l'Overlander me direz-vous ? Garmin ne dévoile pas grand-chose des spécifications techniques de l'appareil. Je lance donc CPU-Z sur l'appareil. L'application permet de consulter les spécifications des appareils sur lesquels on la lance. AccuBattery fait la même chose pour les batteries. Comment ai-je pu faire ça ? Android. Les appareils Android sont avant tout des appareils Android. Quel que soit le nombre d'interfaces utilisateur programmées par le fabricant.
- CPU : ARM Cortex-A53 Quad Core avec 1,43 GHz chacun, sur le marché depuis 2014 ;
- GPU : Mali-T720, sur le marché depuis 2014 ;
- Résolution d'écran : 1024x600 pixels ;
- 2 Go de RAM ;
- 56,2 Go de mémoire interne. Cela signifie que l'appareil dispose de 64 Go au total, mais que vous ne pouvez accéder qu'à 56,2 Go, car le reste est occupé par le système ;
- Android 6.0.1 avec correctif de sécurité en date du 1er février 2019 ;
- batterie : 1000 mAh.
CPU-Z ne donne pas de détails sur le System on a Chip (SoC) intégré, mais je suppose qu'il peut s'agir d'une MediaTek MT8735 ou d'une de ses variantes. Il est même possible que Garmin ait développé son propre système. Les spécifications ne correspondent pas tout à fait aux SoC connus de l'époque. Par exemple, le modem WiFi du MT8735 est compatible 5 GHz, mais pas l'Overlander.
Le matériel est en tout cas vieux d'environ cinq ans, c'est perturbant. Surtout la batterie, qui me semble extrêmement faible. Les données produit sur Galaxus indiquent une autonomie de trois heures, ce qui me semble un peu maigre. Mais la valeur est cohérente avec la capacité de la batterie de 1000 mAh. À titre de comparaison : un smartphone haut de gamme actuel comme le Huawei P30 Pro, a des performances système et graphique massivement plus élevées et une batterie de 4200 mAh pour une autonomie de 2 jours et 4 heures, avant que la notification conseillant de charger l'appareil n'apparaisse, à environ 20 % de batterie. Android serait à jour avec la version 10.
Un matériel plus moderne n'aurait pas fait de mal à l'Overlander. Et surtout, son prix serait alors plus justifié. Nous nous sommes aussi habitués aux performances plutôt mauvaises des GPS, mais faut-il vraiment que ça reste ainsi ? Le GPS phare d'un fabricant aurait été l'opportunité idéale de mettre fin à cette tendance qui dure depuis maintenant une décennie, non ?
Drive : suivre l'itinéraire
Aussi amusant que cela puisse paraître de jouer avec votre GPS et de profiter de l'aspect tablette de l'appareil, le Garmin Overlander n'est pas fait pour ça et ce n'est pas non plus pour ça que vous l'avez acheté. Ce qu'on veut vraiment savoir, c'est si l'appareil fait bien son job en tant que GPS. Les cartes avec lesquelles Garmin travaille proviennent de OpenStreetMap,](https://www.openstreetmap.org), une carte du monde collaborative, sur le même schéma que Wikipedia. Tout le monde peut la modifier et la corriger. Son utilisation est donc gratuite et n'est pas liée à des accords avec des géants comme Apple ou Google.
Les cartes sont affichées de deux façons. Le mode Drive est un GPS classique tel que vous le connaissez sur d'autres appareils et tel que Google Maps et Apple Maps le proposent également.
- Les éléments de l'écran sont agrandis pour que vous puissiez les voir en conduisant.
- Les aires de repos et de stationnement sont indiquées.
- Les infos provenant des cartes et des caméras sont comparées pour vous indiquer les limites de vitesse.
- Votre vitesse est mesurée.
- Le GPS a une sortie vocale.
En mode Drive, l'Overlander brille. De nos jours, on se demande s'il est vraiment utile d'acheter un GPS. Google Maps et sa concurrence comme Apple ne peuvent-ils pas simplement remplacer les GPS ? Le mode Drive apporte la réponse à cette question. Le mieux est de vous donner un exemple.
- Sur l'autoroute, Google Maps via Android Auto dit : « Serrez à gauche au prochain embranchement ».
- Garmin Drive dit : « Restez sur l'une des deux voies de gauche et tournez à gauche au prochain embranchement en direction de Zurich ».
La quantité de données que Garmin Drive traite et vous fournit est infiniment plus complexe et plus utile. Combien de fois ai-je entendu le jingle passif agressif d'Android Auto alors que j'avais, une fois de plus, pris la mauvaise direction. Ça ne m'est jamais arrivé avec Garmin Drive. Parce que je n'ai pas à me demander : « Elle parle de cette bretelle ou de l'autre ? » Je peux comparer les indications vocales avec les panneaux de signalisation et le marquage au sol.
Rien que ça, suffit à montrer que les GPS ne seront pas remplacés de sitôt. Si vous conduisez souvent dans des endroits que vous ne connaissez pas comme Munich, la Suède ou d'autres endroits, je suppose que vous avez besoin d'un GPS. Est-ce que ça doit être l'Overlander ? Non, pas forcément, mais Garmin Drive est vraiment très efficace. Bien sûr, il serait possible de charger une application sur le Play Store ou l'App Store, puis de rendre les données disponibles pour les smartphones et tablettes à un prix modéré, mais Garmin dépend évidemment de son propre matériel. Peut-être parce que le GPS a également des capteurs supplémentaires qui, entre autres choses, fournissent l'angle d'inclinaison de votre voiture. Ce n'est pas la fonction la plus utile au quotidien et n'est donc pas un argument particulièrement valable pour utiliser le matériel. En parlant matériel : je recommande le support pour grille d'aération Garmin, car je ne veux pas obstruer mon pare-brise.
La seule chose qui m'ennuie, c'est que Madame Navi – elle parle par défaut avec une voix de femme – n'arrête pas de me dire qu'elle a perdu la communication avec l'un ou l'autre satellite. Ça ne m'intéresse pas vraiment quand je conduis. Encore moins si l'Overlander traîne sur mon bureau toute la nuit à la maison toute la nuit. Qu'est-ce que je suis censé en faire ? Redémarrer le satellite vite fait ? Lancer un autre satellite en orbite terrestre ? Tranquille... Madame Navi, réparez ça et laissez-moi rouler en paix. En tant qu'utilisateur, je n'ai pas besoin de recevoir ces informations oralement. Garmin n'est pas le seul. Tous les GPS font ça. Android Auto aussi. Pourquoi ? Stop.
C'est aussi un peu ennuyeux quand Madame Navi choisit un itinéraire. Il lui faut pas mal de temps avant de changer d'avis. Un exemple : selon Garmin, l'itinéraire le plus judicieux de Zurich à Schwägalp passe par Winterthur, Gossau. Mais si vous voulez retourner à Zurich via Ricken et Rapperswil, Mme Garmin reste bloquée sur son idée de faire demi-tour et de rentrer via Gossau et Winterthur jusqu'à ce que vous arriviez au col du Ricken.
Explore : quand vous êtes arrivés
Même les plus belles balades ont une femme. Lorsque vous arrivez sur l'autoroute en Allemagne, ça va généralement plus vite. Dommage. Ou pas. Une fois arrivée à destination, vous pouvez cliquer sur « Explore » sur l'écran d'accueil. Cela vous affichera les points intéressants dans les environs immédiats : stations-service, aires de repos, campings, monuments.
Je suis ambivalent. Je vois bien l'objectif, l'exploration est pratique, mais un peu superflue. Et ça enlève le plaisir d'explorer. Vous pouvez vous asseoir dans votre voiture, cliquer sur votre tablette, puis aller de A à B et voilà, faire du tourisme. Où est l'attrait de la découverte d'une nouvelle ville ? Dans la nature, comme vous pouvez le voir dans la publicité Overlander, j'imagine que vous aimeriez savoir où se trouve le prochain camping. Mais pour la majorité des utilisateurs, Explore est un gadget et n'est pas nécessaire. Et en cas de doute Google est plus rapide.
Reparlons du prix. Nous sommes face à un système d'exploitation antique, du matériel dépassé, un manque d'étanchéité et un outil de navigation exceptionnel. En plus, on peut avoir des informations utiles sur les environs. Et le tout coûte 750 francs.
Rien que pour le GPS, ça vaut le coup. Mais est-ce qu'on ne peut pas avoir aussi bien pour moins cher ? La réponse est oui. Avec à peu près n'importe quel autre GPS Garmin. Celui-ci par exemple :
Il n'y a certes pas d'Android, mais le matériel cartographique est le même.
Ou bien sûr, vous pouvez d'une manière ou d'une autre réussir à extirper le logiciel de navigation de l'Overlander. Je vais y regarder de plus près.
Journaliste. Auteur. Hackers. Je suis un conteur d'histoires à la recherche de limites, de secrets et de tabous. Je documente le monde noir sur blanc. Non pas parce que je peux, mais parce que je ne peux pas m'en empêcher.
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