Martin Jungfer
En coulisse

Vrai sapin ou sapin artificiel : le grand match de l’écoresponsabilité

Abattre un sapin en pleine croissance chaque année ne paraît pas très écologique... En même temps, un sapin de Noël en plastique ne s’avère une solution plus durable que dans des conditions très précises.

Cette année encore, les Suisses, les Allemands et les Autrichiens devraient acheter environ 30 millions de vrais sapins. Devant les supermarchés, dans les magasins de bricolage ou chez les agriculteurs, on cherche partout le sapin parfait qui, dans l’idéal, rentre dans la voiture ou tient au moins sur son toit.

Ne pourrait-on pas s’épargner cette quête et le transport, voire peut-être même faire une bonne action pour la planète en achetant un sapin artificiel ?

Trêve de suspense : il faudrait utiliser un sapin artificiel pendant 17 ans pour que l’écobilan soit positif par rapport à un vrai sapin. La faute à plusieurs facteurs...

1. Le plastique fait grimper les émissions en flèche

En général, les sapins artificiels sont en plastique et bien souvent en PVC (polychlorure de vinyle). Lors de la production, chaque kilo de plastique à base de pétrole émet environ huit kilogrammes d’équivalent CO₂. Les polyéthylènes (PE), aussi très répandus, sont certes un peu moins nocifs pour l’environnement avec six kilogrammes d’émissions par kilo de matériau produit, mais ils restent clairement désavantagés par rapport à un vrai sapin. Des chercheurs britanniques ont calculé que la production d’un sapin artificiel d’environ deux mètres de haut générait 40 kg d’équivalent CO₂, les deux tiers provenant du matériau. Le dernier tiers est généré par la fabrication énergivore en usine qui nécessite des températures élevées pour faire fondre le plastique et lui donner sa forme. Les chiffres que je cite ici proviennent d’une étude du cabinet de conseil canadien Ellipsos publiée en 2009 si vous souhaitez plus de détails.

Si la production des sapins vous intéresse, regardez donc la vidéo an allemand ci-dessous. Il s’agit ici d’un sapin relativement onéreux fabriqué en Pologne.

Pure Living Interior Design Sapin de Nordmann (180 cm)
Sapin de Noël
CHF326.–

Pure Living Interior Design Sapin de Nordmann

180 cm

2. Le transport augmente l’empreinte CO₂

Et ça ne s’arrête pas à la production. Dans l’idéal, les vrais sapins de Noël sont issus de forêts locales. En imaginant que le trajet de chez vous au commerçant soit de cinq kilomètres, cela représente un peu moins de deux kilogrammes de dioxyde de carbone avec une voiture essence ou diesel. Le transport du sapin artificiel génère lui cinq kilogrammes supplémentaires en plus de la production. Pour ce calcul, il suffit d’utiliser une calculatrice CO₂ en ligne spécialisée dans la logistique (comme dans ce cas précis). Les sapins artificiels arrivent presque toujours de Chine et font un long voyage en bateau sur un porte-conteneurs utilisant du pétrole lourd. Mais ils ne le font qu’une fois alors que le vrai sapin nécessite un transport chaque année. Qui sait, peut-être qu’ils nous parviendront bientôt via drone ou transporteur robotisé à propulsion électrique.

3. Une élimination problématique dans les deux cas

Après les fêtes, le sapin artificiel retourne à la cave avant d’en ressortir année après année. Mais un jour ou l’autre, il faudra le jeter lui aussi. Le PVC et le PE sont certes recyclables, mais uniquement lorsque le produit ne contient que ça, ce qui n’est pas souvent le cas des sapins artificiels. Ils contiennent effectivement aussi du métal pour plier joliment les branches voire des guirlandes lumineuses à LED. Avec un tel méli-mélo de matériaux, la seule solution reste souvent l’incinération (à l’heure actuelle du moins). Cela rajoute trois autres kilogrammes au bilan CO₂. Entre la production, le transport et l’élimination, un sapin de Noël moyen produit donc un total de 48 kg de ce gaz nocif.

C’est par ailleurs toujours moins que le nouvel iPhone qui se trouvera peut-être justement au pied de l’un de ces sapins. Un iPhone 15 avec 128 Go de mémoire affiche une empreinte carbone de 56 kg selon le rapport « Environmental Progress » d’Apple.

Les fêtes passées, si vous brûlez l’épicéa de votre forêt locale ou le sapin Nordmann d’une plantation danoise, cela libère environ 15 kg de CO₂. Les représentants du secteur forestier soulignent qu’il ne s’agit pas de nouvelles émissions, mais que l’arbre a extrait cette quantité de l’atmosphère et l’a stockée pendant sa croissance. On ne peut donc pas imputer ces émissions à l’arbre. Mais la vérité, c’est que les surfaces utilisées pour la culture des sapins de Noël pourraient par exemple accueillir des forêts de feuillus qui stockent eux beaucoup plus de CO₂, et ce, de manière durable.

Conclusion : c’est compliqué

Si vous achetez votre sapin de Noël chez l’agriculteur du coin, que celui-ci l’a fait pousser dans sa propre forêt à côté du village et que vous le ramenez chez vous à pied, le sapin plastique est battu à plates coutures. En revanche, si vous achetez un sapin Nordmann cultivé avec force pesticides et engrais sur une plantation polonaise sans certification, puis transporté jusqu’au lieu de vente par un camion roulant au diesel, le sapin artificiel réutilisable affichera un meilleur bilan carbone.

Le poids écologique d’un sapin de Noël artificiel dépend de nombreux facteurs. Le développement durable n’est pas tout blanc ou tout noir, c’est plus compliqué que ça. Pour en savoir plus, je vous recommande cette calculatrice pour sapin de Noël au format Excel.

Et si on ajoute à tout ça le fait qu’une dinde de Noël moyenne équivaut à 25 kg d’émissions de CO₂, vous pourrez vraiment voir à quel niveau œuvrer pour combattre le réchauffement de la planète.

Mon beau sapin

Sur quel type de sapin votre choix se porte-t-il ?

  • J'ai un marchand de sapins de Noël local de confiance auquel je rends visite chaque année.
    24%
  • Je n'ai pas de sapin et je le vis bien.
    18%
  • J'achète là où je trouve la plus grande sélection au meilleur prix, généralement au supermarché ou dans un magasin de bricolage.
    11%
  • J'ai un sapin artificiel qui retrouve sa place dans le salon année après année.
    39%
  • J'opte pour un arbre en pot chaque année.
    4%
  • J'abats moi-même un arbre cultivé par mes soins.
    5%

Le concours est terminé.

Photo d’en-tête : Martin Jungfer

Cet article plaît à 14 personne(s)


User Avatar
User Avatar

Je suis journaliste depuis 1997. Stationné en Franconie, au bord du lac de Constance, à Obwald, Nidwald et Zurich. Père de famille depuis 2014. Expert en organisation rédactionnelle et motivation. Les thèmes abordés ? La durabilité, les outils de télétravail, les belles choses pour la maison, les jouets créatifs et les articles de sport. 


Noël
Suivez les thèmes et restez informé dans les domaines qui vous intéressent.

Intérieur
Suivez les thèmes et restez informé dans les domaines qui vous intéressent.

Durabilité
Suivez les thèmes et restez informé dans les domaines qui vous intéressent.

Ces articles pourraient aussi vous intéresser

  • En coulisse

    Ô sapin, ô sapin, comme tes feuilles sont durables ?

    par Martin Jungfer

  • En coulisse

    Pourquoi illuminer le sapin de Noël ?

    par Carolin Teufelberger

  • Test de produit

    De mal garni à trompeur : comparaison des sapins de Noël artificiels

    par Martin Jungfer

13 commentaires

Avatar
later